ETF : une année 2023 qui tient ses promesses

L’Agefi esquisse le bilan annuel d’une industrie en perpétuelle innovation, dopée par la performance boursière de certains secteurs et l’indéfectible fidélité des investisseurs.
ETF
L'industrie des ETF a vu percer en 2023 des modes de distribution toujours plus digitalisés  - 
L’encre n’est pas sèche sur l’année 2023, mais en Europe, les fournisseurs d’ETF (exchange traded funds) se frottent déjà les mains. En onze mois, les encours affichés par ces véhicules cotés ont atteint pas moins de 1.720 milliards de dollars, selon les estimations du conseil ETFGI. Un record ! Ce sont un peu plus de 138 milliards de dollars qui ont été investis sur la même période. Evidemment, l’essentiel de la collecte provient des produits actions, mais les ETF obligataires ont su rassembler 59 milliards de dollars à fin novembre. Après une année 2022 catastrophique, le marché de taux est parvenu à renouer avec des rendements positifs.

Top et flop sectoriels

Derrière ce constat brossé à grands traits, il faut y lire d’importantes nuances dans les choix des investisseurs, attirés par des succès boursiers et refroidis par des titres partis à la casse. Sans surprise, le secteur de la blockchain et des cryptos a alimenté d’importantes allocations portées par les hausses des cours du bitcoin ou encore de l’ether. A l’échelle mondiale, ces fonds listés exposés aux cryptoactifs sont parvenus à croitre de 120% entre janvier et novembre de cette année.

De chaque côté de l’Atlantique, les promoteurs se retroussent les manches pour faire adouber par leur régulateur respectif leur ETF directement investi dans une crypto (spot). Aux Etats-Unis, la SEC (Securities and Exchange Commission) résiste encore, argue que la négociation d’ETF spot influencerait le marché sous-jacent de la devise digitale. Le tentaculaire BlackRock comme ses compétiteurs ne lâche pas la bride. L’Europe quant à elle poursuit sur sa dynamique, Jacobi AM, Melanion Capital offrant des ETP (exchange traded products) sur le bitcoin et concoctant la sortie d’un véhicule investi non pas en titre obligataire, mais en action.

Le secteur des semi-conducteurs, élément clé de nos économies modernes a lui aussi attiré d’importants flux de souscriptions. A l’inverse, d’autres segments de marché et par conséquent de fonds passifs ont largement reflué au niveau des performances délivrées, engendrant la sortie de nombreux investisseurs ; c’est notamment le cas des véhicules indiciels de matières premières qui accusent près de 8 milliards de décollecte sur les onze premiers mois de l’année.

Gestion active

Quant aux ETF gérés activement, populaires aux Etats-Unis, ils parviennent à se faire une place dans les gammes désormais commercialisées en Europe. Cette année, c’est surtout sur le front de l’offre obligataire que le gros des lancements a vu le jour. JPMorgan créait en octobre dernier son premier ETF Ucits d’obligations mondiales en gestion active destiné au marché européen. Un lancement qui enrichit son offre de 18 ETF d’un neuvième ETF actif. Le gestionnaire américain ne cache d’ailleurs pas ses ambitions sur cette classe d’actifs. Ses compétiteurs nord-américains Vanguard ou encore Franklin Templeton nourrissent le même plan d’action pour se développer en Europe.

Coté tricolore, le français Axa IM qui avait fait son entrée dans l’industrie de la gestion passive cotée à la faveur de quelques véhicules gérés activement, a opté cette année pour un développement de gamme similaire en listant un véhicule obligataire dit actif, au cœur de l’été.

Conquêtes

Que ce soit en Europe ou aux Etats-Unis, le marché semble à première vue verrouillé par les géants de l’asset management. Or, cet oligopole n’empêche pas les stratégies de conquête ambitieuses, notamment en Europe. Largement reconnu dans son marché domestique, le chinois KraneShares débarquait en France à la fin du premier trimestre, avec un ETF actions chinoises, mettant un pied dans la porte pour exporter plus globalement son expertise sur le Vieux Continent.
Le marché nord-américain n’est pas oublié, puisque le spécialiste chinois a tissé il y a quelque mois un partenariat avec Rockefeller AM, société de gestion du groupe financier new-yorkais Rockefeller Capital Management pour le lancement d’une gamme de fonds listés, concrétisé par la cotation en septembre dernier, d’un premier véhicule exposé à l'économie bleue.

Il y a quelques semaines, le 19 septembre, l’américain Ark Investment Management dirigé par Cathie Wood révélait le rachat du fournisseur européen d’ETF thématiques Rize ETF. Cette absorption lui permet de partir à la conquête de l’Europe.
Cette année, la société de gestion britannique spécialisée dans les plans d’épargne notamment, Circa5000 s’est également déployée en Europe continentale avec une offre de fonds listés à impact dont les contours ont été dessinés par le fournisseur d’indice Bita et Impak Analytics, ce dernier annonçant être courtisé par d’autres promoteurs d’ETF.

Et c’est d’ailleurs l’une des tendances de 2023 : cette industrie a dû compter avec des modes de distribution toujours plus digitalisés. Ainsi, BNP Paribas AM a annoncé un partenariat avec Directa Sim, l’une des principales plateformes italiennes de trading en ligne pour y distribuer ses véhicules cotés sur la bourse transalpine. Même stratégie pour son concurrent DWS qui a noué un partenariat afin de commercialiser ses ETF sur l’outil numérique développé par BG Saxo. Enfin, en juin dernier, la fintech Shares décrochait les autorisations nécessaires auprès de l’AMF (Autorité des marchés financiers) pour offrir une centaine d’ETF (entre autres) depuis son application, moyennant 2 euros… Un pas de côté par rapport à la souscription en direct de parts de fonds listés.

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