
Le capital-risque tricolore amorce sa chute

L’inquiétude émanant des fonds de capital-risque commence à devenir palpable. Selon EY, seuls 326 millions d’euros ont été récoltés par les start-up tricolores au cours du mois de mars. Un résultat en baisse de 23% en valeur par rapport à mars 2019, et même de 50% si l’on se réfère au volume de transactions.
Mais la chute des investissements provoquée par la crise du Covid-19 aurait pu être encore plus sévère. Début mars, l’éditeur d’applications musicales MWM (Music World Media) a en effet sauvé le bilan du mois en annonçant une augmentation de capital de 50 millions d’euros auprès de Blisce, le véhicule d’investissement de l’entrepreneur Alexandre Mars, d’Idinvest Partners, de Bpifrance, d’Aglaé Venture et de Xavier Niel. Une start-up qui dénote de la French Tech, du fait de sa capacité à générer une généreuse marge d’Ebitda et à avoir autofinancé l’essentiel de sa croissance depuis sa création en 2012.
Bien visible en mars, le choc provoqué par la crise du Covid-19 l’a aussi été – mais dans une moindre mesure – en février, avec une baisse de valeur des transactions de 16% par rapport à l’an dernier, à la même période. Et la situation ne devrait pas s’arranger, en dépit d’un étonnant premier trimestre positif.
L’étude publiée par le Big Four souligne en effet que les montants levés par les jeunes pousses françaises au cours des trois premiers mois de l’année sont en hausse de près de 20% par rapport à la même période en 2019, à 1,63 milliard d’euros. Un montant record pour un premier trimestre, réalisé sur un nombre d’opérations quasi-similaire à 2019, avec 190 opérations. L’activité en janvier explique à elle seule cette «anomalie» : pas moins de 898 millions d’euros ont été engrangés par les start-up tricolores sur ce mois, soit près de deux fois plus qu’en janvier 2019 (et trois fois plus qu’en janvier 2018).
Fort ralentissement attendu sur les 2e et 3e trimestres
Les deux principaux contributeurs de cette performance exceptionnelle sont EcoVadis et ManoMano. La plate-forme d’évaluation des performances RSE et la boutique en ligne de bricolage ont tous deux levé 125 millions d’euros. Des montants inhabituels dans le venture tricolore, qui a aussi pu compter sur la présence de la néo-banque des professionnels Qonto. Cette dernière pépite a empoché 104 millions d’euros lors de sa série C, en sollicitant notamment le géant chinois Tencent et le fonds du milliardaire russe Yuri Milner, DST Global. Des opérations d’exception qui risquent de se raréfier si le retrait des VCs internationaux dans les tours des start-up françaises se confirme dans les prochains mois.
«A ce jour, il apparaît évident que bon nombre d’opérations amorcées vont être reportées. Si le premier trimestre 2020 était de bon augure pour la suite, la crise sanitaire qui touche toute l’économie mondiale va bien sûr impacter les prochains trimestres en matière de capital risque français. Ainsi on peut présager d’un deuxième et troisième trimestres à la baisse en valeur comme en volume. Pour mémoire, consécutivement à la crise de 2008, il y avait eu une baisse de 45% des montants levés en 2009 par rapport à l’année 2008», détaille Franck Sebag, associé chez EY. A moins qu’un rebond marqué n’attende le marché du venture, à l’image de la situation en Chine. Au centre des inquiétudes des investisseurs il y a encore quelques semaines, le pays qui a vu naître l’épidémie du Covid-19 aurait connu un regain du venture en mars. Selon l’Asian Venture Capital Journal, les start-up du pays ont décroché plus de 2,5 milliards de dollars dans le mois, soit une multiplication par 6 par rapport à février.
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