
L’attrait croissant du private equity

Certains transferts en disent long sur l’époque. Laurent Mignon a décidé de lâcher les rênes de BPCE pour prendre celles de Wendel et redonner son lustre boursier à la holding. Faut-il s’étonner de voir un banquier rejoindre un spécialiste de l’investissement ? Lorsque l’éphémère mode des Spac suscitait une vague de reconversions, le doute restait encore permis. Pas avec une institution comme Wendel, dont le centre de gravité pivote vers le non coté en attendant, peut-être, la gestion pour compte de tiers.
Le private equity offre aujourd’hui à des dirigeants ambitieux tout ce que la banque a largement perdu depuis la grande crise financière – l’agilité, la croissance, et des rémunérations presque sans limites. L’écosystème a drainé des sommes folles à la faveur des taux bas. A mesure que les investisseurs institutionnels doublaient leur mise dans les actifs privés, les gérants n’ont cessé de grossir. Rien, pas même la récession et le renchérissement du coût de l’argent, ne semble devoir remettre en cause deux grandes tendances à l’œuvre.
Supermarché de la finance
D’abord, la logique de plateforme, venue des Etats-Unis. De purs spécialistes des rachats avec ou sans effet de levier ont engagé leur mue vers le statut de supermarché financier. Capital-investissement, dette privée, infrastructures, immobilier, on trouve désormais de tout sur l’étagère des grands fonds américains et de leurs homologues français, comme Ardian. Les commissions de gestion, source de revenus plus prévisible, prennent une part croissante dans le modèle économique de ces acteurs, qui vivaient surtout autrefois de leurs plus-values. Cette course à la taille, assumée, dans un secteur de plus en plus concurrentiel, rend nécessaires de nouveaux moyens humains et technologiques.
Seconde tendance, l’élargissement de la base d’investisseurs. Le particulier aisé, au-delà du cercle fermé de la gestion de fortune, est désormais la cible des appétits du private equity. Et pour cause. Sevrée de rendements depuis trop longtemps, la clientèle retail piaffe d’impatience, et a l’avantage de moins regarder à la dépense qu’un fonds de pension ou un assureur. Cette diversification réclame, elle aussi, l’industrialisation des pratiques. Pour que des milliers d’épargnants souscrivent à des fonds et disposent d’une information conforme à la réglementation, l’artisanat ne suffit plus : il faut bâtir des usines.
Dans un secteur qui pouvait se permettre d’être pauvre en capitaux propres, ces mutations appellent donc une poursuite de la consolidation. Ou, phénomène nouveau en Europe, des prises de participations minoritaires, de la part de fonds spécialisés, au tour de table des gérants. C’est un terrain de jeu mouvant, rendu plus excitant encore par le changement de cycle économique et monétaire.
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