
La succession chez BPCE aiguise les appétits

La surprise a été totale. En interne, peu misaient sur un départ anticipé de Laurent Mignon de la présidence de BPCE. Avec la succession qui s’annonce, «les luttes internes vont commencer», prédit une source. «Le prochain président devrait être choisi en interne. Il faut qu’il connaisse très bien tous les arcanes de BPCE», indique une autre source. Le nom de Nicolas Namias, directeur général de Natixis, membre du directoire de BPCE, est dans tous les esprits pour prendre la tête du groupe. Mais pas seulement : il pourrait être le candidat naturel à la succession de Laurent Mignon, mais la route est semée d’embûches.
Dans les couloirs de la banque, il ne fait aucun doute que Nicolas Namias « coche beaucoup de cases ». Diplômé de l’ENA (comme François Pérol), de Stanford (comme Laurent Mignon), de l’Essec et de Science Po, son profil est éminemment politique, avec de surcroît un passage à Bercy. Ensuite, comme Laurent Mignon, il vient de Natixis, qu’il connaît très bien.
Mais c’est aussi là que le bât blesse. Le fait que Nicolas Namias soit très marqué Natixis pourrait constituer un frein à sa nomination», estime une source en interne. Et contrairement au «transfert» de Laurent Mignon de Natixis vers BPCE en 2018, qui avait été annoncé en même temps que François Pérol quittait la présidence du groupe, ce départ n’a pas été préparé, ou du moins pas de la même manière. Le conseil de surveillance a voulu se donner le temps de la réflexion pour ne pas précipiter ses choix.
Nouvelles têtes
Ces dernières années, Olivier Klein, le puissant patron de la Bred, a souvent été cité comme un candidat à la tête de BPCE. Mais, âgé de 65 ans, il ne peut plus prétendre à ce mandat. Le nom de Didier Patault, le président du directoire de la Caisse d’Epargne d’Ile-de-France a aussi circulé lors des précédentes batailles pour la succession du groupe.
Aujourd’hui, c’est un autre nom qui revient souvent dans les potentiels candidats au poste de président du groupe mutualiste. Il s’agit de Daniel Karyotis. Actuellement dirigeant de la Banque Populaire Auvergne Rhône Alpes, il a été directeur financier de BPCE de 2012 à 2016. Avant cela, il est passé par les Caisses d’Epargne entre 1992 et 2007 et son expérience à la tête de la Banque Palatine de 2007 à 2012 constitue aussi un bon point. Ce profil polyvalent, à la fois rouge (Caisse d’Epargne) et bleu (Banques Populaires), pourrait bien ressembler à celui que cherche BPCE.
Même si le fait de ne pas nommer directement un successeur à Laurent Mignon «est un processus normal», assure-t-on à la banque, ce temps de réflexion permet d’envisager des candidatures aujourd’hui un peu plus éloignées de l’organe central. «Beaucoup de Caisses d’Epargne ou de Banques Populaires sont dirigées par des gens qui ont les compétences pour prendre la présidence du groupe», continue cette même source. Tous ne se porteront pas candidat, mais avoir fait ses armes aux Banques Populaires et aux Caisses d’Epargne est donc un atout aujourd’hui. Ce n'était pas forcément le cas il y a quelques années, lorsque le groupe se trouvait encore dans une phase de restructuration et que le profil de la banque d’investissement de Natixis était bien plus risqué.
D’autres sources avancent que la direction de BPCE regroupe de nombreuses fonctions pas forcément assurées en région, comme les relations avec la Banque centrale européenne. «C’est mieux si le nouveau président est passé par l’organe central», se dit-il en interne. En clair il faudrait, pour contenter tout le monde, un candidat passé à la fois par les banques régionales et par l’organe central. Comme Daniel Karyotis, diront ses soutiens, mais aussi d’autres potentiels candidats dont le nom est cité en interne, à l’image de Christine Fabresse, ancienne directrice générale en charge de la banque de proximité et assurances chez BPCE et aujourd’hui présidente de la Caisse d’Epargne Provence, Alpes, Corse et outre-Mer (Cepac).
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