
Dominique Senequier repousse les perspectives d’une IPO pour Ardian

Après l’entrée en Bourse d’Antin, EQT, Blackstone, KKR et Apollo, les acteurs du marché s’interrogent sur l’éventualité d’une cotation d’Ardian. La réponse est ferme : «Nous n’allons pas aller en Bourse cette année, et sans doute pas l’année prochaine», a commenté Dominique Senequier, fondatrice et présidente d’Ardian, lors d’une rare prise de parole, au dîner du Centre des Professions Financières qui a eu lieu mercredi 28 juin 2023. «C’est une gestion qui n’a rien à voir avec nos métiers», poursuit-elle.
Selon la dirigeante du géant français du capital-investissement, il n’y a pas de problème de gestion du financement du secteur non coté, et les acteurs comme Ardian disposent de beaucoup de poudre sèche.
Des processus d’achat de plus en plus sélectifs en private equity
Les sorties sont de plus en plus difficiles en private equity, avec la raréfaction des acheteurs. Pour les gérants comme Ardian, la dynamique à l’achat s’est poursuivie, mais avec des conditions différentes. «Sur le marché du secondaire, nous sommes allés à l’achat depuis dix-huit mois, mais nous avons été très sélectifs, a commenté Dominique Senequier. En moyenne, sur notre portefeuille, nous avons acheté avec une décote de 14%.»
Pour la dirigeante, la priorité doit être accordée à la santé des entreprises, qui en France a été fragilisée notamment à causes des carences relatives aux délais de paiement.
A lire aussi: Adia aurait confié 6 milliards à Ardian pour son dernier fonds de private equity secondaire
L’Europe au centre de la stratégie d’Ardian
«Bien loin de nous l’idée de quitter l’Europe», a déclaré Dominique Senequier. Selon la dirigeante, l’Europe revêt une importance majeure pour les investissements, notamment en infrastructures, un domaine dans lequel Ardian est proche des gouvernements locaux. Sur ce marché, 85% des revenus du groupe sont indexés sur l’inflation. «Nous sommes très attachés à notre différentiation française et européenne, que nous garderons, et nous comptons développer les activités de buy-out en volume sur le continent américain», précise-t-elle.
Concernant l’ouverture récente d’un bureau à Abou Dhabi, Ardian justifie la décision par une difficulté à gérer durablement à distance les actifs, mais surtout par l’importance de la clientèle, qui pèse 25 milliards d’euros sur la zone du Moyen-Orient. Le groupe envisage aussi l’ouverture d’un petit bureau en Australie.
La biotech et les FIG pourraient intéresser Ardian
Interrogée sur un potentiel rapprochement avec une autre société de gestion dans un contexte où la collecte des fonds ralentit en Europe, la présidente d’Ardian répond que «seuls les fonds avec une activité complémentaire et non concurrente, comme la biotech et les ‘financial institutions group’ [FIG], pourraient intéresser le groupe».
Enfin, concernant sa succession, la dirigeante élude dans un sourire : «J’y travaille.»◆
A lire aussi: L’arsenal juridique des fonds de private equity s’adapte à la conjoncture
Plus d'articles du même thème
-
Altaroc dévoile les contours de son millésime Odyssey 2025
La plateforme donnant accès au private equity pour les particuliers investira, pour cette cinquième génération, dans sept à huit fonds américains et européens et dans quelques co-investissements. -
Otium Partners soutient la création d'un nouveau champion français de l'expertise comptable
Grâce à une levée de 50 millions d’euros auprès d’Otium Partners, les fondateurs d'Archipel veulent bâtir un leader national capable de relever les défis générationnels, technologiques et économiques d'un secteur encore fragmenté. -
Le Groupe Magellim accentue sa diversification
Il revoit sa structuration pour s’affranchir de son image d’acteur immobilier. Le groupe veut se renforcer sur les valeurs mobilières et notamment le private equity. Une acquisition devrait être annoncée dans les prochains mois.
Sujets d'actualité
ETF à la Une
Contenu de nos partenaires
-
Pénuries
En combat air-air, l'aviation de chasse française tiendrait trois jours
Un rapport, rédigé par des aviateurs, pointe les « vulnérabilités significatives » de la France en matière de « supériorité aérienne », décrivant les impasses technologiques, le manque de munitions et les incertitudes sur les programmes d'avenir -
Escalade
L'armée algérienne passe à la dissuasion militaire contre la junte malienne
La relation entre Alger et Bamako ne cesse de se détériorer ces derniers mois alors qu'ex-rebelles et armée malienne s'affrontent à la frontière algérienne -
En panne
Pourquoi les Français n’ont plus envie d’investir dans l’immobilier
L’immobilier était le placement roi, celui que l’on faisait pour préparer sa retraite, celui qui permettait aux classes moyennes de se constituer un patrimoine. Il est tombé de son piédestal. La faute à la conjoncture, à la hausse des taux, à la chute des transactions et à la baisse des prix, mais aussi par choix politique : le placement immobilier a été cloué au pilori par Emmanuel Macron via une fiscalité pesante et une avalanche de normes et d’interdictions