Le courtier en assurances vendait coûte que coûte
Peu importe le statut, vendre sans soin est passible de sanction. C’est la principale conclusion de la décision de sanction rendue par l’ACPR. Autre enseignement: mêmes les produits les plus simples doivent faire l’objet d’un conseil adapté.
Il a été constaté de graves carences dans l’exercice, par SGP, de son activité.
SGP qui est une filiale à 99,8 % du courtier A, a été créée le 12 juin 2006. Jusqu’au 13 juillet 2017, elle était inscrite à l’ORIAS en qualité de mandataire d’intermédiaire d’assurance et agissait, à ce titre, pour le compte de sa maison mère. Depuis cette date, elle l’est en qualité de courtier d’assurance ou de réassurance.
Son activité consiste principalement à vendre par téléphone, depuis son centre d’appel, pour le compte du courtier A et sous la marque de celui-ci, des contrats d’assurance de personnes produits notamment par les sociétés B et C.
Elle propose ainsi des garanties obsèques, dépendance, décès accidentel, hospitalisation, accidents de la vie et incapacité temporaire de travail/chômage.
Il ressort des conclusions de la sanction prononcée par l’ACPR que:
Cet intermédiaire ne transmettait pas par écrit aux clients qu’il sollicitait l’information précontractuelle qu’il est tenu de leur adresser.
L’information fournie aux clients sur SGP mais aussi sur les contrats proposés était lacunaire et, dans certains cas, inexacte.
Constitue une irrégularité d’une particulière gravité une information inexacte donnée au client sur la date à laquelle le contrat est conclu, nonobstant la possibilité pour le client de se rétracter.
La prise en compte des besoins et exigences des clients, lors de conversations au cours desquelles les éléments fournis par les souscripteurs éventuels n’étaient pas toujours véritablement écoutés, était insuffisante.
Les conseils relatifs aux produits proposés étaient en outre insuffisamment adaptés à la situation de chacun d’eux.
Ces manquements concernent certes des produits d’assurance assez simples, mais doivent être appréciés au regard de la clientèle disposant de revenus modestes et peu informée visée par cet intermédiaire, selon ses propres dires.
A décharge pour la société visée, il convient de tenir également compte, dans une certaine mesure, des actions correctrices engagées, qui ont notamment porté sur la révision et l’allongement des scripts des conversations, la refonte des documents remis aux clients et la formation des collaborateurs, actions dont SGP fait valoir qu’elles ont été décidées avant l’ouverture de la présente procédure disciplinaire, dès qu’il lui est apparu que, malgré les deux consultations effectuées, ses pratiques antérieures n’étaient pas satisfaisantes.
De plus, l’évolution favorable du taux de réclamations des clients dans la période récente apparaît comme un indicateur objectif de l’amélioration des pratiques de SGP. A l’audience, le représentant de SGP a affirmé qu’il était prêt à améliorer encore ses pratiques selon les indications qui lui seraient données par le superviseur et a fait valoir qu’une interdiction temporaire d’exercer son activité qui, pour une durée d’un mois, représenterait environ 500.000 euros de perte de chiffre d’affaires, aurait des conséquences graves pour l’entreprise et surtout pénaliserait injustement ses salariés, à la différence d’une sanction pécuniaire.
Les manquements retenus par la Commission justifient le prononcé d’un blâme et d’une sanction pécuniaire de 150.000 euros.
Plus d'articles du même thème
-
Le nouveau dilemme européen du déploiement de Bâle 3
Sans parler de retour en arrière ou de dérégulation, l’Europe semble désormais consciente d’être allée plus vite et plus loin que les autres juridictions en matière de règlementation bancaire. L’optimisation des règles qui restent encore à produire dans le cadre de la transposition du dernier paquet bancaire de Bâle 3 et de la mise en œuvre de la FRTB cristallise l’attention du secteur. -
Thomas Verdin (BM&A Reg Tech) : «L’application des règles de Bâle a un coût opérationnel important»
La finalisation des règles de Bâle obligera les banques, qui étaient habilitées à n’utiliser que des méthodes internes de mesure des risques, à comparer ces résultats avec une méthode dite standard, à partir de données externes. Thomas Verdin, directeur associé de BM&A Reg Tech, explique simplement quelles sont les implications opérationnelles de ces changements. -
Le Parlement européen vote un report de CSRD
Le Parlement européen a voté le report des dates d’application des nouvelles législations de l’UE sur le devoir de vigilance et la publication d’informations en matière de durabilité pour certaines entreprises.
ETF à la Une
Contenu de nos partenaires
-
Pénuries
En combat air-air, l'aviation de chasse française tiendrait trois jours
Un rapport, rédigé par des aviateurs, pointe les « vulnérabilités significatives » de la France en matière de « supériorité aérienne », décrivant les impasses technologiques, le manque de munitions et les incertitudes sur les programmes d'avenir -
Escalade
L'armée algérienne passe à la dissuasion militaire contre la junte malienne
La relation entre Alger et Bamako ne cesse de se détériorer ces derniers mois alors qu'ex-rebelles et armée malienne s'affrontent à la frontière algérienne -
En panne
Pourquoi les Français n’ont plus envie d’investir dans l’immobilier
L’immobilier était le placement roi, celui que l’on faisait pour préparer sa retraite, celui qui permettait aux classes moyennes de se constituer un patrimoine. Il est tombé de son piédestal. La faute à la conjoncture, à la hausse des taux, à la chute des transactions et à la baisse des prix, mais aussi par choix politique : le placement immobilier a été cloué au pilori par Emmanuel Macron via une fiscalité pesante et une avalanche de normes et d’interdictions