Comment les banquiers privés appréhendent-ils l’arrivée de nouveaux entrants sur le secteur du numérique ?
Pour Marc Sabatier, le constat dans le numérique est simple, les banquiers privés français et la plupart des établissements internationaux ont surtout travaillé sur la facilitation de la relation clientèle par des moyens digitaux, plus que sur une remise en cause de leur business model. L’entretien filmé pour L’AGEFITV est en ligne ici.
Certains comme BNP Paribas Banque privée, par exemple, affichent une nouvelle segmentation de la clientèle en fonction de leur appétence pour le numérique.
Si la plupart des acteurs prévoient une offre standard particulière, rares sont ceux qui proposent des services réellement différenciant par rapport aux offres des acteurs en ligne que sont Boursorama ou de Saxo Bank par exemple.
Quelle voie privilégier pour un modèle pérenne ?
Pour l’expert, cette pérennisation passera par une combinaison des caractéristiques de la banque privée fondée et du digital à savoir l’expertise, la simplicité d’utilisation et l’individualisation des services.
Des freins récurrents au développement.
Trois craintes sont avancées:
- La banalisation d’une offre dont l’utilisation se limiterait aux services classiques d’une banque en ligne comme l’accès à une multitude de produits, même patrimoniaux avec des frais nuls ou très réduits.
- La règlementation qui en devenant plus dense est loin d’être un accélérateur de transformation digitale.
- La crainte ultime de voir de nouveaux acteurs «sans scrupules» s’installer sur ce secteur, avec des business models différents.
Certains acteurs ne se sentent pas concernés.
Confrontés à un changement majeur, ce sont souvent les business models les mieux établis qui évoluent en dernier. Mais ce n’est pas la seule raison, l’expert avance également une connaissance insuffisante des enjeux du digital, «qui conduit bien souvent à considérer qu’on a répondu à la question si on peut accéder aux services bancaires sur un smartphone ou un ipad. Cette situation est plus répandue qu’on ne le croit».
Par ailleurs, il est dans la nature même du fonctionnement des banques et des assurances d’identifier et de limiter les risques. Il s’agit donc d’un raisonnement en opposition avec la transformation digitale, le «test and learn» qui intègre une part de risque et valorise l’échec. Pour Marc Sabatier, «il n’est donc pas anormal que ce secteur d’activité avance un peu moins rapidement que d’autres».
C’est également une des raisons pour lesquelles dans la pratique il existe certaines réticences à s’appuyer sur les Fintechs, des sociétés technologiques et financières qui aux yeux de certains observateurs sont des entreprises réputées comme étant peu solides et animées par des cultures très différentes.
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