
Western Union prépare de fortes réductions d’effectifs en France

Le 1er août dernier, Western Union annonçait, sans que cela fasse grand bruit, l’élaboration d’un plan stratégique à trois ans comprenant une réduction nette de 10% de ses effectifs (soit 1.000 personnes) et une consolidation des bureaux, sièges sociaux et agences de l’entreprise. Le spécialiste des transferts d’argent prévoyait ainsi des économies annuelles d’environ 100 millions de dollars à partir de 2021, dont environ 50 millions devraient être réalisés en 2020. De quoi améliorer sa rentabilité et viser une marge d’exploitation de 23% d’ici 2022.
Si l’essentiel de ce plan de transformation touche les Etats-Unis, l’Europe n’en est pas moins affectée. La France, le deuxième marché du groupe derrière les Etats-Unis grâce aux transferts d’argent d’origine étrangère vers l’Afrique du Nord et l’Afrique sub-saharienne, est aux premières loges. Ainsi, une réunion entre la direction France de Western Union et le comité d’entreprise s’est tenue le 25 septembre, au lendemain de la journée investisseurs que le groupe de Denver avait organisé pour détailler son plan. Quand de façon très explicite, les slides de la présentation réalisée aux Etats-Unis expliquent «pourquoi les actionnaires vont gagner», les dirigeants européens ont dû eux annoncer à leurs équipes des réductions de postes, qui devraient dans certains pays largement dépasser les 10%.
De sources concordantes, le groupe prévoit en France la cession de ses 26 agences en propre et des salariés qui y travaillent, soit plus de 200 personnes. Au niveau du siège social à la Défense, quelques dizaines de postes devraient être supprimés. Le flou reste encore entier sur le nombre exact, la procédure n’en étant qu’au début mais certaines parlent d’une quarantaine de postes. La totalité de ces suppressions touche l’activité de CtoC où travaillent 79 salariés. Cette activité, qui regroupe le transfert d’argent entre particuliers, représente environ 80% du chiffre d’affaires de Western Union au niveau global mais aussi en France. Le succès du groupe dans l’Hexagone repose notamment sur son partenariat avec La Banque Postale, élargi depuis quelques années à des réseaux comme La Française des Jeux ou Casino et Franprix. Elle a aussi tout un réseau d’indépendants, dans des boutiques dites «ethniques» comme les taxiphones.
«Nous sommes conscients du fait que bon nombre de nos employés pourraient être touchés par ce nouveau modèle d’exploitation, et notre objectif est de respecter la période de consultation et d’appuyer ces employés», a réagi un porte-parole du groupe aux Etats-Unis, interrogé par L’Agefi.
Fortement concurrencée sur cette activité de transfert d’argent par des acteurs comme Transferwise, WorldRemit, Revolut ou N26, qui se veulent très compétitifs sur les tarifs, Western Union semble avoir du mal à trouver la parade. Des suppressions de postes ont déjà commencé au Royaume-Uni et doivent également toucher l’Espagne, l’Allemagne et la Belgique où quelques dizaines de postes sont concernés.
Le groupe met beaucoup d’espoir dans un nouveau partenariat conclu avec le géant de l’internet Amazon qui permet aux clients de ce dernier de payer leurs achats en espèces dans les agences Western Union. De quoi toucher les populations qui n’ont pas de carte bleue ou qui ne sont pas à l’aise avec les paiements en ligne. Ce service est maintenant disponible dans 20 pays comme la Thaïlande, les Philippines, l’Indonésie ou encore le Kenya et vient d'être mis en œuvre aux Etats-Unis mi-septembre. Alors que les équipes françaises s’attendaient à pouvoir le lancer avant la fin de l’année, le projet semble avoir été «gelé».
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