
Transparence et rapidité : les banques face au défi des paiements internationaux

Pour les consommateurs, les petites et moyennes entreprises (PME) et les grandes entreprises, des paiements transfrontaliers rapides et transparents représentent un impératif. Pourtant, ces transactions demeurent souvent lentes, coûteuses et opaques, poussant certains utilisateurs à se détourner des banques traditionnelles au profit de fintechs plus agiles. Selon une enquête récente, 76 % des consommateurs ont déjà été confrontés à des retards ou des échecs de paiements internationaux, compromettant leurs besoins essentiels.
Du côté des entreprises, les coûts liés aux services bancaires et aux taux de change représentent des défis majeurs. Les fluctuations des taux de change peuvent éroder les marges des organisations qui ne disposent pas des ressources pour gérer ces risques. Alors que le coût moyen mondial pour envoyer 200 dollars à l’étranger s’élevait à 6,25 % en 2023, le G20 ambitionne ainsi de le réduire à 3 % d’ici 2030.
Pour que les banques puissent tirer parti de ce marché, attirer de nouveaux clients et accéder à des secteurs plus difficiles, la modernisation, les écosystèmes et les fournisseurs alternatifs joueront un rôle déterminant.
Le manque de transparence freine la croissance
En matière de paiements transfrontaliers, la rapidité et l’efficacité ne suffisent pas : la transparence des processus est cruciale. Une enquête révèle que pour les transactions de faible montant, la confiance (pour les consommateurs) et la transparence des frais (pour les PME) sont des priorités absolues. En effet, 70 % des consommateurs et des PME interrogés affirment qu’ils pourraient se détourner d’un fournisseur en raison de frais cachés.
Malgré des efforts de modernisation, nombre d’institutions financières continuent d’utiliser des processus obsolètes pour gérer ces paiements. Tributaires d’un réseau de banques correspondantes, elles manquent souvent de visibilité sur le parcours des fonds, le montant final reçu après conversion des devises, et les frais appliqués, souvent imprévisibles.
Ce manque de transparence entraîne des coûts supplémentaires et mobilise du temps et des ressources pour enquêter sur les paiements rejetés. Cette inefficacité expose les banques et leurs clients à des risques accrus et des frais élevés. Parallèlement, alors que le volume et la valeur des paiements transfrontaliers ont respectivement augmenté de 61 % et 37 % au cours de la dernière décennie, le nombre de relations bancaires correspondantes a diminué de 29 %. Cette tendance s’explique par le retrait de certaines banques du marché, mais aussi par une vigilance accrue face aux risques réglementaires, réputationnels et financiers associés à la lutte contre le blanchiment d’argent (AML) et au financement du terrorisme (CFT). Les coûts de conformité croissants rendent ces relations interbancaires plus risquées, en particulier dans les marchés émergents.
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Moderniser les paiements grâce à des écosystèmes innovants
L’inefficacité des systèmes actuels, combinée à une concurrence croissante, est le principal facteur de la baisse de la rentabilité des paiements internationaux pour les banques. Les échecs et les retards, fréquents dans les réseaux correspondants, résultent des disparités dans les structures de comptes, les formats de messagerie et les systèmes bancaires. Ces incohérences accroissent la charge de travail manuel et peuvent allonger les délais de paiement jusqu’à 30 jours. Pour répondre à ces défis, il est impératif de moderniser l’infrastructure technologique des paiements.
Les plateformes technologiques permettent désormais aux banques et autres institutions de collaborer avec une nouvelle génération de fintechs qui proposent des services de paiements internationaux directement intégrés via des écosystèmes. Déjà, 40 % des banques françaises exploitent des microservices et des API ouvertes pour créer des services financiers personnalisés et permettre des paiements instantanés 24h/24 et 7j/7. Cela permet non seulement de simplifier les paiements transfrontaliers, d’améliorer la transparence des frais et des délais, de réduire les risques, mais aussi de faire progresser l’accès aux services bancaires, un objectif clé pour 99 % des institutions financières en France.
Par exemple, Mastercard offre un accès à un vaste réseau de paiements via un point d’entrée unique, avec des taux de change transparents et un traitement des paiements plus rapide et fluide, couvrant 90 % de la population mondiale. D’autres fournisseurs, comme Thunes, utilisent des API pour transformer les opérations bancaires, permettant aux banques d’envoyer et de recevoir des paiements instantanés partout dans le monde. Ces fintechs réduisent les coûts associés aux paiements transfrontaliers, tant pour les consommateurs que pour les entreprises, en assurant des transactions entièrement traçables via un large réseau de partenaires.
Grâce à la puissance des écosystèmes, les institutions peuvent intégrer facilement ces solutions à leur système de messagerie financière, sans nécessiter de lourdes transformations architecturales et, ainsi, proposer à leurs clients des services de paiements internationaux plus rapides et transparents, à moindre coût.
Pour gagner en transparence et en efficacité, le paysage des paiements transfrontaliers nécessite donc une transformation en profondeur. En s’appuyant sur des solutions de messagerie financière avancées, des fournisseurs alternatifs de paiements transfrontaliers et des écosystèmes innovants, les banques peuvent rationaliser leurs opérations, maîtriser leurs coûts et répondre à l’évolution des attentes des consommateurs et des entreprises à l’échelle mondiale.
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