Russie : les Occidentaux préparent leur riposte sur les cryptomonnaies

L’Europe et les Etats-Unis veulent éviter que les cryptoactifs ne soient utilisés pour contourner les sanctions contre Moscou.
Pauline Armandet
Bitcoin cryptomonnaie  baisse du cours du cryptoactif bitcoin
Après l’invasion de l’Ukraine par la Russie, le cours du bitcoin a bondi de 20% en l’espace de quelques jours.  - 

Le ton est donné. «Nous prendrons des dispositions sur les cryptomonnaies, qui ne doivent pas être utilisées pour contourner les sanctions financières décidées par l’Union européenne», a déclaré hier Bruno Le Maire, le ministre de l’Economie français, lors d’un point presse du sommet Ecofin. Selon ce dernier, «il y avait un large consensus parmi les États membres pour dire que nous ne pouvions pas laisser les cryptomonnaies contourner l’efficacité des sanctions financières contre la Russie». La France n’est pas le seul pays à tenir cette ligne. «Nous devrions également prendre des mesures pour empêcher les personnes et les institutions listées de se tourner vers des cryptomonnaies non réglementées. Nous avons également œuvré en ce sens dans le cadre de la présidence allemande du G7», a précisé le ministre allemand des Finances, Christian Lindner, dans un communiqué publié hier.

Depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie, le cours des cryptomonnaies est en forte hausse, le bitcoin ayant bondi de 20% en l’espace de quelques jours. Une tendance observée de près par Bercy et le Trésor français. «Certains signaux montrent que les cryptomonnaies peuvent être ‘éventuellement’ utilisés pour contourner les sanctions. Ce n’est pas un phénomène d’ampleur mais nous travaillons sur des dispositions visant à empêcher ce contournement», glisse une source à Bercy.

Les déclarations de Bruno Le Maire ne viennent pas de nulle part : lors de l’Ecofin d’hier, la Banque centrale européenne (BCE) a déclaré qu’il fallait trouver un moyen juridique d’empêcher que les cryptomonnaies soient utilisées pour contourner les sanctions. L’institution est soutenue dans sa requête par les ministres des Finances. La balle est désormais dans le camp de la Commission chargée de faire une proposition.

Alors que le projet de réglementation des cryptomonnaies en Europe, aussi connu sous le nom deMarkets in cryptoassetsou MiCA, ne devait paraître que d’ici la fin de l’année, la guerre en Ukraine semble accélérer les réflexions. Quelles mesures pourraient être mises en œuvre ? Bercy devrait donner des éléments de réponse en début de semaine prochaine, après avoir également consulté les partenaires américains. «On veut l’efficacité maximale des sanctions», déclare-t-on à Bercy.

Les réflexions sont similaires du côté des Etats-Unis. «Nous continuerons à examiner le fonctionnement des sanctions et à évaluer s’il y a ou non des fuites, et nous avons la possibilité d’y remédier», a déclaré mercredi la secrétaire au Trésor américain Janet Yellen, lors d’un événement à l’université de l’Illinois à Chicago. Elle a ainsi fait référence aux cryptomonnaies comme un «canal à surveiller».

Chainalysis, une entreprise qui retrace les transactions en cryptomonnaies, n’a pas détecté de preuves de contournement majeur des sanctions par les Russes sur les marchés des cryptomonnaies, a déclaré une porte-parole de la société mercredi au Wall Street Journal.

En l’espace de quelques mois, la Russie a changé d’opinion vis-à-vis des des cryptomonnaies : elle a finalement choisi de définir le bitcoin comme une devise au même titre que le dollar et l’euro. Une évolution qui laisse imaginer que la Russie s’oriente davantage vers des technologies blockchain durant le conflit, en attendant que les monnaies nationales se stabilisent. «C’est une alternative pour la Russie et l’Ukraine, une tendance favorable au marché des cryptomonnaies», pointe Laurent Pignot, analyste financier chez Zonebourse.

Selon les données de Statista, en 2021, 9% des Russes et 12,7% des Ukrainiens possèdaient des cryptomonnaies.

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