
Les régulateurs réclament des précisions sur le Libra

Plus que quelques jours d’attente. Interrogé par différents régulateurs sur le libra, son projet de monnaie virtuelle, Facebook a jusqu’à la fin du mois pour se manifester. Que ce soit sur son système de gouvernance ou sur l’exploitation des données des utilisateurs, ce projet de cryptomonnaie reste flou.
La semaine dernière, les autorités européennesde la concurrence ont envoyé un questionnaire aux entreprises de l’association Libra (Visa, Mastercard, Uber…) afin d’obtenir des précisions sur le fonctionnement du libra. L’Union européenne (UE), qui a donné un mois à l’association pour répondre, veut s’assurer que le projet ne contrevient pas aux règles anticoncurrentielles européennes, vis-à-vis des systèmes de paiements et des données personnelles des utilisateurs.
Quid de l’exploitation des données personnelles ?
Ce questionnaire pourrait être le point de départ d’une enquête. Le régulateur européen demeure préoccupé par l’exploitation des données personnelles des utilisateurs par Facebook, déjà épinglé par le scandale Cambridge Analytica. En cas de violation des règles antitrust de l’UE, la Commission européenne peut condamner les entreprises à une amende allant jusqu'à 10% de leur chiffre d’affaires mondial.
Mais l’Union européenne n’est pas la seule à demander des comptes. Dans un communiqué commun, publié début août, plusieurs régulateurs chargés de la protection des données personnelles au Royaume-Uni, aux Etats-Unis, en Europe, au Canada et en Australie ont également exigé de Facebook plus de transparence vis-à-vis de la structure de l’association Libra, ainsi que sur l’exploitation des données personnelles.
Mi-juillet, Adrian Lobsiger, le Préposé fédéral à la protection des données, l’organe de surveillance suisse, a demandé à Facebook de fournir d’ici fin août des précisions sur l’exploitation des données de ses utilisateurs. Selon une source locale suisse, une délégation de six législateurs américains, dirigée par la démocrate Maxine Waters, se serait rendue la semaine dernière à Genève, siège de l’association Libra, afin de rencontrer le Préposé fédéral. A ce stade, aucune information n’a été divulgée à l’issue de leur rencontre.
Depuis l’annonce de son lancement le 18 juin dernier, le projet de monnaie numérique libra est loin de faire l’unanimité. Aux Etats-Unis, Maxine Waters a demandé à Facebook de le suspendre tant que le régulateur ne l’avait pas examiné. Début juillet, Jerome Powell, le président de la Réserve fédérale, a déclaré que ce projet posait «de nombreuses préoccupations sérieuses concernant la vie privée, le blanchiment d’argent, la protection des consommateurs et la stabilité financière». Donald Trump a également mis en doute la fiabilité du libra.
Alternative à la domination du dollar
En Europe, le libra suscite également de vives inquiétudes. Lors du G7 à Chantilly, Bruno Le Maire, ministre de l’Economie et des Finances, a estimé le que «les conditions [n’étaient] pas réunies pour un lancement». Les ministres des Finances du G7 ont ainsi demandé à la Banque centrale européenne (BCE) de constituer un groupe de travail sur les cryptomonnaies : Benoît Coeuré, membre du directoire de la BCE, devrait rendre un rapport détaillé d’ici le mois d’octobre.
Le libra, qui serait une monnaie digitale au service de 2 milliards d’utilisateurs, questionne autant qu’il intéresse. S’il venait à voir le jour en 2020, il pourrait bien déstabiliser le système financier mondial. Vendredi dernier, Mark Carney, le gouverneur de la Banque d’Angleterre, a évoqué le rôle «déstabilisateur» du dollar sur l'économie mondiale. Il a ainsi émis l’idée d’une union des banques centrales, autour d’une monnaie numérique de remplacement. Cette monnaie digitale pourrait ainsi «atténuer la domination du dollar américain sur le commerce mondial», a déclaré Mark Carney lors du symposium des banquiers centraux de Jackson Hole. Un concept qui pourrait s’inspirer du libra.
Si le temps presse pour Facebook, David Marcus, le patron de Libra, a assuré que sa monnaie virtuelle ne serait lancée que si cette dernière était conforme aux réglementations internationales existantes.
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