
Les inquiétudes grandissent autour de Coinbase

L’année 2021 a été celle de tous les succès pour Coinbase. L’entreprise fondée en 2012 par Brian Armstrong et Fred Ehrsam devenait le premier acteur crypto à entrer en Bourse au Nasdaq avec, à la clé, une valorisation record d’environ 86 milliards de dollars, bien au-delà des attentes. Fin 2021, elle revendiquait près de 98 millions d’utilisateurs vérifiés, soit cinq fois plus que trois ans auparavant.
En 2021, son propre fonds de capital-risque s’est avéré le plus actif en investissant dans 68 jeunes pousses crypto selon les données de la société d’analyses CBinsights. Au premier trimestre 2022, il était encore deuxième derrière le fonds hongkongais Animoca Brands, signe d’une intense activité.
Mais depuis le début de l’année et la chute du marché crypto, son action a dévissé de près de 80% et les résultats du premier trimestre ne décrivaient pas une santé flamboyante avec un revenu net en baisse et deux millions d’utilisateurs en moins. Mi-juin, l’actuel PDG Brian Armstrong annonçait se séparer de 18% des effectifs en révélant à demi-mot avoir eu les yeux plus gros que le ventre : « Nous étions au début de la période de hausse et l’adoption des produits cryptographiques explosait […] Nous avons vu les opportunités […] il est clair que nous avons trop embauché ».
Le dernier coup dur provient de Cathie Woord. La fondatrice et dirigeante d’Ark Investr a cédé mercredi 27 juillet, via trois de ses fonds, un peu plus de 1,4 million de ses actions Coinbase. Soit un total de 75 millions de dollars de titres. La cession vient acter une perte de 82%. Elle est le 3e plus gros actionnaires derrière le fonds Andreessen Horowitz - également connu sous l’appélation «a16z» - et Brian Armstrong.
Doutes sur la pertinence des investissements
En février, Coinbase a dépensé près de 16 millions de dollars pour un spot publicitaire au Superbowl, l’évènement le plus suivi de la planète. Immédiatement après, le site internet avait planté, saturé par les millions de personnes tentant de se connecter en simultané, entraînant des critiques acerbes, à l’image d’Edward Snowden sur Twitter : « Coinbase dépense 16 millions de dollars dans une publicité pour le Superbowl et 0 dollar pour s’assurer que ce site ne plante pas ». Le patron de Binance Changpeng Zhao qui se fait surnommer «CZ», l’avait indirectement critiqué en reprochant aux plateformes centralisées en mauvaises santé financière d’avoir manqué de vision à long terme en dépensant notamment trop d’argent en marketing, une des causes qui selon lui pousse aujourd’hui les plateformes centralisées comme Coinbase à licencier.
Les critiques ont également fusé au moment du lancement de sa plateforme NFT (jeton non fongible) en avril, alors même que l’intérêt pour ce type d’actifs chutait. Ainsi, sur les millions d’inscrits en liste d’attente, moins de 150 utilisateurs s’étaient connectés le premier jour du lancement selon les données de Dune Analytics publiées par Decrypt. Au moment du lancement de la version bêta en novembre 2021, Brian Armstrong avait pourtant prédit que l’activité NFT de Coinbase serait « plus importante » que celle liée à la plateforme dédiée aux cryptomonnaies. Une prévision qui ne prenait sans doute pas en compte l’arrivée à court terme d’un marché baissier.
Une réputation entachée
En plus du contexte économique, Coinbase voit sa réputation entachée d’une affaire de délit d’initié qui concerne un de ses anciens cadres, licencié depuis et inculpé par les autorités américaines la semaine dernière. «Cobie» qui avait lancé l’alerte sur Twitter en repérant des transactions suspectes, a ironisé sur la série de tweets de Brian Armstrong qui affirmait en substance que le délit d’initié avait été repéré grâce à une enquête interne. L’influenceur dénonçait au passage le « bazar » dans l’organisation de la plateforme pour lister les cryptomonnaies. En plus de cette affaire, la Securities and Exchange Commission (SEC) a annoncé ouvrir une enquête pour déterminer si elle a permis à ses clients d’échanger des cryptoactifs, qui auraient normalement dû être enregistrés comme des titres financiers.
Une grande partie de la cryptosphère avait également vivement réagi à une partie d’un document transmis par Coinbase à la SEC dans lequel il était stipulé que les cryptomonnaies détenues par les clients de la plateforme pourraient servir à rembourser les créanciers en cas de faillite. Son PDG avait assuré que son entreprise ne courrait « aucun risque de faillite » précisant que le document incluait « un nouveau facteur de risques basé sur une exigence de la SEC ». Une occasion pour les puristes de l’écosystème de rappeler l’adage « not your keys, not your coins » qui stipule que tant que vous ne possédez pas vos propres clés privées, vous n’êtes pas réellement propriétaire de vos cryptomonnaies. Les clients de Celsius Network et Voyager peuvent aujourd’hui en témoigner.
Plus d'articles du même thème
ETF à la Une
- La Banque Postale débarque le patron de sa banque privée
- A la Société Générale, Slawomir Krupa se prépare à la taylorisation des banques
- La Société Générale prend le risque d'une grève en France fin mars
- Une nouvelle restructuration à la Société Générale ne plairait pas aux investisseurs
- Le CCF a perdu une centaine de millions d’euros l’an dernier
Contenu de nos partenaires
-
Pénuries
En combat air-air, l'aviation de chasse française tiendrait trois jours
Un rapport, rédigé par des aviateurs, pointe les « vulnérabilités significatives » de la France en matière de « supériorité aérienne », décrivant les impasses technologiques, le manque de munitions et les incertitudes sur les programmes d'avenir -
Escalade
L'armée algérienne passe à la dissuasion militaire contre la junte malienne
La relation entre Alger et Bamako ne cesse de se détériorer ces derniers mois alors qu'ex-rebelles et armée malienne s'affrontent à la frontière algérienne -
En panne
Pourquoi les Français n’ont plus envie d’investir dans l’immobilier
L’immobilier était le placement roi, celui que l’on faisait pour préparer sa retraite, celui qui permettait aux classes moyennes de se constituer un patrimoine. Il est tombé de son piédestal. La faute à la conjoncture, à la hausse des taux, à la chute des transactions et à la baisse des prix, mais aussi par choix politique : le placement immobilier a été cloué au pilori par Emmanuel Macron via une fiscalité pesante et une avalanche de normes et d’interdictions