
Les conditions de vente de HiPay Mobile font grincer des dents

A l’approche de l’assemblée générale du spécialiste des paiements, HiPay, certains actionnaires minoritaires s’agitent. Se disant saisie par plusieurs d’entre eux, la société de conseil Gouvernance en Action a écrit le 11 juillet aux dirigeants du groupe et à l’Autorité des marchés financiers (AMF) afin de réclamer des éclaircissements sur le projet de cession de l’activité historique HiPay Mobile, annoncée le 19 juin. Cette filiale effectue du micropaiement, qui permet aux sites internet de faire payer leurs services au travers de la facture des opérateurs télécoms. Le groupe a décidé de se séparer de cette activité en déclin pour se recentrer sur le segment plus porteur de la monétique.
L’opération «pose un problème de gouvernance et de transparence», selon Fabrice Rémon, signataire du courrier. HiPay, qui dit avoir reçu deux offres, a retenu celle de Gibmedia. Or, cette structure est détenue à 100% par BJ Invest, la holding de Benjamin Jayet, devenu en 2016 premier actionnaire d’HiPay au terme d’un bras de fer, avec 28,4% du capital. Gouvernance en Action réclame donc des précisions sur la manière dont a été mené le processus de vente : choix des banques conseil, date de décision du conseil d’administration, etc.
La proximité entre le vendeur et l’acquéreur soulève aussi des questions sur le prix. Celui-ci a été fixé à 6 millions d’euros, dont 3 millions soumis à conditions, «en cohérence» selon HiPay avec un rapport d’expertise indépendant mené par Jacquillat & Détroyat Associés. «Il est surprenant que le prix proposé soit soumis à hauteur de 50% à des conditions de performance dont on ignore d’ailleurs tout, tant sur les critères que sur la période retenue», écrit Fabrice Rémon.
Par ailleurs, bien que l’activité soit décroissante, HiPay Mobile a apporté en 2016 au groupe 37% de sa marge brute et reste sa principale source de cash-flow, rappelait Oddo Nextcap dans une note du 21 juin. Le courtier s’y montrait sans appel, estimant plutôt entre 10 et 15 millions d’euros la valeur d’entreprise de la filiale, sur la base d’un multiple de 2 à 3 fois l’Ebitda 2016 au lieu du ratio de 1,18 que fait ressortir le prix maximal de 6 millions. L’offre «ne prend clairement pas en compte l’intérêt du minoritaire de HiPay», concluait Oddo. Ce qui n’a pas empêché l’action de prendre 31% depuis l’annonce du 19 juin. HiPay était hier injoignable.
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