
Le PDG de Coinbase s’inquiète d’une interdiction du staking pour les particuliers

En septembre dernier, le patron de SEC (Securities and Exchange Commission) Gary Gensler avait déjà fait réagir une grande partie de l’écosystème Ethereum. Il avait émis l’hypothèse que les acteurs offrant des solutions de staking à leurs clients pourraient être soumis aux mêmes obligations que les émetteurs de titres financiers (obligations ou actions). Une telle évolution ferait peser de nouvelles contraintes économiques et réglementaires encore inatteignables pour de nombreux acteurs.
Sur Twitter, le PDG de Coinbase s’est une nouvelle fois inquiété d’une potentielle requalification, voire d’une interdiction pour les plateformes comme la sienne de proposer ce genre de produit aux investisseurs particuliers. «Le staking apporte de nombreuses améliorations positives à l’écosystème (crypto) comme une sécurité accrue et une empreinte carbone moindre», a-t-il argumenté.
Produit de rendement pour les particuliers
Le staking consiste à immobiliser des cryptoactifs dans une blockchain pour participer au processus de validation des transactions et donc à sa sécurisation contre une rémunération. Cette activité connait un essor économique important, particulièrement depuis le changement de consensus de la blockchain Ethereum en septembre dont la sécurité repose désormais en grande partie sur ce principe. Cette méthode est substantiellement moins consommatrice d’énergie que la preuve de travail (proof-of-work [PoW]) sur laquelle repose Bitcoin et sur laquelle reposait Ethereum. Coinbase est actuellement le deuxième plus grand validateur Ethereum avec près de 1,7 milliard de dollars de valeur totale bloquée pour un rendement actuel d’un peu plus de 4%.
Depuis avril 2021, Coinbase propose à ses clients particuliers de participer à la validation d’Ethereum. Pour être validateur sur cette blockchain, il est nécessaire d’immobiliser au moins 32 ethers (ETH), la cryptomonnaie native du réseau. Face à ce ticket d’entrée élevé, des acteurs comme Coinbase ou Lido Finance, de loin le premier validateur du réseau avec l’équivalent de plus de 8 milliards de dollars immobilisés, sont indispensables pour permettre à de nombreux investisseurs particuliers de toucher un rendement issu de cette activité en mutualisant les ethers de leurs clients.
Les faillites en série observées ces derniers mois d’entités incontournables du marché comme Genesis ont contraint de nombreux acteurs à réinventer leurs produits de rendement. Actuellement, le staking est considéré comme l’une des pistes parmi les moins risquées et les plus transparentes. De nombreuses entreprises comme le français Coinhouse travaille à son développement pour offrir une éventuelle alternative à ses livrets cryptos que la plateforme a dû stopper à la suite des difficultés financières rencontrées par Genesis.
Une question de «sécurité nationale»
En plus de ces intérêts économiques, Brian Armstrong a également appelé les autorités à ne pas «réguler par la contrainte», ce qui «encourage les entreprises à opérer à l’étranger, ce qui est arrivé avec FTX».
Il a également insisté sur les risques d’un manque de compétitivité causé par une telle interdiction. De part le caractère décentralisé d’une blockchain publique comme Ethereum, c’est-à-dire accessible sans barrière à l’entrée particulière, l’interdiction ne s’appliquerait qu’aux citoyens américains et laisserait le champ libre aux marchés étrangers concurrents. «En ce qui concerne les services financiers et le web3, il est de la sécurité nationale que ces capacités soient développées aux États-Unis», selon lui.
Depuis le changement de consensus d’Ethereum, la crainte d’une grande partie de l’écosystème est de voir une guerre d’influence se développer pour le contrôle du réseau en voyant de plus en plus de «supers validateurs» émerger. En octobre, EDF via sa filiale Exaion, a confirmé être validateur d’Ethereum en opérant près de 150 nœuds. L’Europe doit essayer de l’anticiper pour ne pas laisser la souveraineté de la blockchain aux États-Unis et à l’Asie», expliquait à L’Agefi le PDG d’Exaion Fatih Balyeli .
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