
La chute du cours du bitcoin redistribue les cartes du minage

Avec la baisse des cours, le business du minage debitcoin se retrouve directement affecté. Selon les chiffres de la firme Compass Mining, le flux de bitcoins provenant des mineurs vers les plateformes d’échanges de cryptomonnaies est au plus haut depuis le mois de janvier. Autrement dit, les compagnies de minage sont obligées de vendre leurs bitcoins pour pallier le manque de rentabilité.
Globalement, l’équation de rentabilité des mineurs se partage entre trois paramètres : le prix des machines, le cours du bitcoin et le coût de l’électricité. Ce dernier paramètre étant le seul que les mineurs peuvent à peu près maîtriser sur le long terme et qui constitue en général près de 85% du coût de production d’un bitcoin. Les mineurs de bitcoins sont donc constamment à la recherche d’électricité à bas coût. «Actuellement, nous payons notre électricité à 4 centimes de dollars le kilowattheure», détaille Romain Nouzareth, PDG de Sato Technologies, entreprise de minage de bitcoin installée au Canada et qui mine à partir d’électricité provenant des barrages hydroélectriques. A titre de comparaison, le prix du kilowattheure s’établit en moyenne à 21 centimes en Europe. Un si petit prix s’explique donc par le fait que le mineur canadien mine sur de l’extra-capacité, c’est-à-dire de l’électricité qui ne trouverait pas preneur sans eux. «Fabriquer un bitcoin nous coûte actuellement 12.000 dollars. Il faudrait donc que le prix passe en dessous de ce seuil pour que nous minions à perte», explique Romain Nouzareth.
Mais d’autres mineurs ne se trouvent pas dans le même confort, notamment aux Texas. En plus de la chute des cours de la cryptomonnaie, la demande en électricité de la population a augmenté à cause des fortes chaleurs. Quand cette demande augmente, certaines installations sont obligées de stopper leurs machines, certains contrats stipulant que les mineurs peuvent utiliser l’électricité produite en extra-capacité, tant qu’elle n’est pas nécessaire pour les divers besoins des villes. Les variations des prix des énergies fossiles peuvent aussi venir s’ajouter à l’érosion de la rentabilité pour produire du bitcoin.
Des opportunités de marché à saisir
Mais ce marché baissier peut aussi être une occasion de faire de bonnes affaires. «Avec la baisse actuelle des cours, on rachète des machines environ 5.000 dollars l’unité, alors qu’il y a quelques semaines, le prix s’établissait à plus de 10.000 dollars», explique un habitué de ce genre d’opportunité de marché. «En bull market, tout le monde peut être mineur, l’argent coule à flot. Les mineurs comme nous ayant vécu le bear market de 2018, avons acquis une expérience qui permet d’anticiper de genre de baisse brutale comme ce que l’on est en train de vivre», explique Romain Nouzareth.
En période faste pour le bitcoin, de nombreuses entreprises qui se lancent y voient un business juteux et commandent donc par milliers, voire centaines de milliers, d’ASICs, les ordinateurs spécifiquement dédiés au minage de bitcoin. «La demande est souvent tellement grande qu’il faut plusieurs mois pour se faire livrer les machines, le temps de les fabriquer. Mais si entretemps les cours chutent, vous vous retrouvez avec des ASICs qui mettront des années, au lieu de plusieurs mois, à être rentables», analyse le PDG de SATO technologies. Effrayées par la conjoncture, certaines entreprises préféreront donc vendre à perte leurs machines. C’est à ce moment que les plus expérimentés les rachèteront beaucoup moins cher.
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