FTX pourrait être impliqué dans la chute de l’écosystème Terra

Des procureurs américains enquêtent sur de potentiels liens entre la chute de Terra-Luna et l’empire de Samuel Bankman-Fried. Les données blockchain montrent la forte probabilité d’une attaque coordonnée.
Louis Tellier
FTX plateforme échange crypto
L’écosystème crypto Terra-Luna s’est effondré en mai dernier.  - 

L’arroseur arrosé ? Selon des sources citées par le New York Times , des procureurs américains de Manhattan étudient la possibilité selon laquelle Samuel Bankman-Fried (SBF) serait à l’origine de la chute de l’écosystème Terra-Luna en mai dernier. Cet effondrement à 60 milliards de dollars est intervenu début mai. Il a fragilisé puis provoqué la faillite de nombreuses entreprises du secteur crypto ces derniers mois comme les plateformes Celsius Network, BlockFi, le fonds Three Arrows Capital. Mais, par effet de domino, il a contribué à la chute de FTX et d’Alameda Research en novembre, deux entreprises fondées par SBF.

Cette piste fait partie de l’enquête plus large concernant un éventuel détournement de plusieurs milliards de dollars des fonds des clients de l’empire du désormais ex-milliardaire crypto basé aux Bahamas. La plateforme FTX fait également l’objet d’une enquête concernant ses obligations en matière de lutte contre le blanchiment d’argent qui exigent notamment d’une entreprise qu’elle sache qui sont ses clients.

Le premier état des lieux rendu le 17 novembre par le nouveau PDG de FTX John J. Ray III qui a la charge de mener la procédure des faillites, le régime sous lequel s’est placée la plateforme, montrait notamment une gestion financière calamiteuse, voire frauduleuse.

La thèse d’une attaque organisée

Début août, la société franco-américaine Kaiko, spécialisée dans l’analyse des données cryptos, avait publié une note détaillant l’enchaînement des évènements qui ont entraîné la chute de l’écosystème Terra et de son stablecoin UST. Le 7 mai, soit quelques jours avant que l’UST ne tombe à zéro, un transfert de 150 millions de dollars de son stablecoin UST vers le protocole de finance décentralisée (DeFi) Curve, a été réalisé par Terra. Or, cette opération, mise en lumière par Kaiko a eu pour effet de rendre le stablecoin temporairement plus vulnérable. Or, phénomène aggravant, un robot de trading, dont le propriétaire n’est à ce jour pas identifié, a effectué une transaction de 85 millions de dollars d’UST quelques minutes plus tard, accentuant encore un peu plus la possibilité de voir l’UST perdre son arrimage au dollar.

«À la suite de cet échange massif, d’autres grandes transactions très similaires ont été observées (vers Curve), entraînant une vente massive d’UST», Anastasia Melachrinos, analyste en finance décentralisée chez Kaiko et auteur de l’analyse. «Ces énormes transactions sont toutes intervenues dans un laps de temps assez court, ce qui laisse fortement penser que Terra a été victime d’une attaque organisée», précise-t-elle à L’Agefi. Des analyses similaires menées par le cabinet Nansen ou la société spécialisée dans le traçage des données blockchain Chainalysis abondent dans le même sens.

Do Kwon saute sur l’occasion

Après les révélations du New York Times, le co-fondateur de l’écosystème Terra Do Kwon qui le dirigeait au moment de son effondrement a immediatement réagi sur Twitter en demandant à Genesis, courtier actuellement en grande difficulté financière, de révéler les raisons pour lesquelles il avait «fourni 1 milliard de dollars d’UST à SBF ou Alameda (Research)». Une somme qui était présentée comme un «intérêt de participer à l’écosystème Terra, pas pour fournir des munitions pour l’attaquer», a-t-il twitté. Il accuse également sous forme de question la plateforme Voyager, aujourd’hui en procédure des faillites et que SBF voulait racheter cet été, d’avoir permis à Alameda Research d’emprunter une centaine de millions de dollars en bitcoins pour manipuler le cours du cryptoactif sur lequel était largement basé les réserves de Terra, censées servir de garantie en cas de fortes turbulences rencontrées par son stablecoin.

Singapour est la dernière destination connue de l’entrepreneur de 31 ans qui s’y est installé au début d’année. Il demeure aujourd’hui introuvable. Officiellement recherché par Interpol, il est visé par un mandat d’arrêt d’un tribunal sud-coréen, son pays d’origine. Do Kwon reste tout de même très actif sur Twitter et assure «ne pas être en fuite». L’onde de choc du tremblement de terre FTX n’a pas fini de délivrer toutes ses répliques.

Un évènement L’AGEFI

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