
Facebook poursuit son déploiement dans les paiements avec WhatsApp Pay

Après près de deux ans de tractations, Facebook a obtenu jeudi dernier le feu vert de l’autorité de régulation indienne des services de paiements en Inde, pour y lancer WhatsApp Pay. C’est un gros coup pour le réseau social américain, qui va ainsi participer à la bataille du paiement mobile en Inde. Il utilise pour cela son très populaire service de messagerie instantanée WhatsApp - racheté en 2014 pour 19 milliards de dollars (16,8 milliards d’euros) - qui compte quelque 400 millions d’utilisateurs actifs par mois en Inde – son premier marché au monde.
Outil d’initiation d’ordres
Concrètement, WhatsApp Pay permet de recevoir et envoyer de l’argent via une plate-forme de messagerie. Mais c’est un simple «outil d’initiation d’ordres à une banque, qui transite par UPI [Unified Payments Interface] en Inde. L’argent ne sort pas du système bancaire», précisait récemment à L’Agefi Christophe Vergne, responsable des solutions paiement chez Capgemini Global Financial Services. De fait, tous les utilisateurs de WhatsApp Pay «devront déjà posséder une carte de débit et un compte bancaire», précise Facebook dans un communiqué.
En collaborant avec la National Payments Corporation of India (NPCI), la firme de Menlo Park a pu s’appuyer sur l’interface de paiement unifiée indienne (UPI), à laquelle participent plus de 160 banques indiennes. «WhatsApp envoie des instructions aux banques, aussi connues comme des fournisseurs de services de paiement, qui initient le transfert d’argent via UPI entre les comptes bancaires de l’expéditeur et le destinataire», précise Facebook.
Cinq banques indiennes partenaires
Pour son nouveau service, WhatsApp s’est associé à cinq banques indiennes dont la State Bank of India, principale institution du secteur public, ainsi que les banques HDFC, ICICI, Axis et Jio Payments.
En outre, le régulateur indien a limité, dans un premier temps, à 20 millions le nombre d’utilisateurs du nouveau service de WhatsApp.
Facebook avait émis une demande en 2018 pour lancer une version beta en Inde auprès d’environ un million d’utilisateurs. Mais il avait vu sa demande de développement du service retoquée pour des questions de gestion de données personnelles : il devait prouver que toutes les données collectées lors des paiements seraient stockées sur des serveurs basés uniquement en Inde, et non aux Etats-Unis.
Point qui a peut-être accéléré les choses, il y a sept mois, l’entreprise de Mark Zuckerberg a investi 5,7 milliards de dollars dans l’opérateur télécoms indien Jio Platforms pour partir à la conquête du e-commerce sur le territoire indien. Et des 60 millions de PME du pays, ainsi que des agriculteurs et des petits commerçants, qui auront un accès facilité aux paiements mobiles.
Marché brésilien en vue
Il avait aussi lancé son service au Brésil en juin dernier, son deuxième marché mondial d’utilisateurs pour WhatsApp, mais il avait été suspendu une semaine après par la Banque centrale, officiellement pour «préserver un environnement concurrentiel adéquat», avec également des inquiétudes sur la confidentialité des données recueillies. Il payait aussi, en partie, pour les fortes tensions qu’a provoquées chez les banquiers centraux et les régulateurs, dont le Conseil de stabilité financière (FSB), l’annonce en juin 2019 de son projet de cryptomonnaie libra, susceptible de remettre en cause la souveraineté des banques centrales. Depuis, les autorités brésiliennes ont indiqué que WhatsApp Pay sera autorisé au Brésil.
Une chose est sûre, Facebook devra trouver sa place sur le très prometteur marché indien du paiement mobile où s’activent déjà des géants comme Google et Alibaba. Tous passent aussi par UPI, que ce soit Google Pay (Alphabet), PhonePe (Walmart) ou Paytm (Alibaba).
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