
Un rapport préconise de relancer Alternext
Faciliter l’accès des PME à la Bourse afin de pallier leurs difficultés d’accès au crédit bancaire. L’idée est venue à René Ricol lors de sa mission à la tête de la médiation du crédit. Un rapport remis lundi dernier à la ministre de l’Economie Christine Lagarde, et dont L’Agefi a pris connaissance, préconise une trentaine de mesures d’ordre administratif, fiscal et de marché visant à lever les freins auprès des émetteurs et à relancer l’attractivité d’Alternext auprès des PME et des investisseurs.
« La crise a fait comprendre aux PME que l’accès au crédit bancaire n’était pas définitivement acquis », relève Thierry Giami, conseiller auprès de la direction générale de la Caisse des dépôts et coauteur du rapport commandé par Nyse Euronext, l’AMF, la médiation du crédit et la CDC. Or, nombre d’entre elles qui avaient les reins solides et auraient par conséquent pu se tourner vers les marchés, ne l’ont pas fait.
Pourquoi ? Méconnaissance des marchés, coût élevé d’une cotation, réduction des volumes échangés sur Alternext… Thierry Giami et Marc Lefèvre, responsable du listing sur Euronext et coauteur du rapport, ont pu constater que les réticences des PME à l’introduction en Bourse étaient multiples, et souvent fondées.
Une première série de recommandations vise à simplifier l’accès des PME au marché. La mission propose de lever deux barrières, en alignant le seuil du placement privé avec celui de l’offre au public, soit 2,5 millions d’euros et en supprimant l’obligation du nombre d’investisseurs qui pourra dès lors être réduit à un seul. Au niveau administratif, le prospectus pour les PME effectuant une offre au public pour un montant réduit - jusqu’à 5 millions d’euros par exemple - pourrait être allégé. Enfin, il serait judicieux de limiter le coût d’introduction, un moyen d’y parvenir étant d’ouvrir le marché des listings sponsors à d’autres professions (avocats, experts-comptables).
Seconde cible visée, les investisseurs. La mission recommande la création d’une nouvelle classe de fonds communs de placement de croissance entrepreneuriale (FCPCE) destinés à capter l’épargne des particuliers. Par ailleurs, le risque de liquidité devrait être pris en considération afin d’inciter les investisseurs institutionnels à rester sur ce marché.
L’idée sous-jacente de ces aménagements est aussi de redonner du tonus à Alternext. L’accès des PME au marché organisé est resté très limité depuis son lancement en 2005. « Sur une population de plus de 65.000 PME en France, seules 110 sont cotées sur Alternext, soit 0,2 %, pour une capitalisation boursière de 4,1 milliards d’euros à fin août 2009, et 280 le sont sur le marché libre », observe Marc Lefèvre. Une piètre performance comparée à l’AIM qui cote 1.450 PME à Londres pour une capitalisation boursière de près de 40 milliards d’euros. Pour parer au manque de liquidité, « talon d’Achille » d’Alternext, la mission plaide en faveur d’un engagement de la CDC et d’Oséo visant l’introduction en Bourse de 24 PME par an, le lancement d’indices spécifiques, etc.
Le coup d’envoi de cette nouvelle dynamique pourrait être donné d’ici la fin de l’année. Conformément aux vœux formulés par la ministre de l’Economie lors des rencontres de Paris Europlace en juillet dernier, d’apporter un soutien aux PME à travers l’instauration d’un « small business market act ».
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