
TotalEnergies résiste aux difficultés d’Adani

Les accusations d’un fonds activiste commencent à sérieusement affecter le conglomérat indien Adani. Trois jours après la publication du rapport de Hindenburg Research, les entreprises du milliardaire Gautam Adani se sont effondrées en Bourse. Le fonds, qui ne se cache pas de vendre à découvert les titres qu’il cible, a en effet reçu un soutien de poids vendredi. Bill Ackman, directeur général du hedge fund américain Pershing Square, a jugé sur Twitter le rapport «hautement crédible et extrêmement bien documenté».
Outre le vaisseau amiral Adani Enterprises, qui a vu son cours fondre de 18%, les titres Adani Green Energy et Adani Total Gas ont plongé de 20% avant d’être suspendus de cotation. Lundi matin, ils chutaient de 20% supplémentaires. Or, TotalEnergies détient des participations significatives dans ces deux sociétés spécialisées respectivement dans le gaz naturel liquéfié (GNL) et les énergies renouvelables. Il a pris 37,4% d’Adani Gas à partir de 2019 et 20% d’Adani Green Energy en janvier 2021. Plus récemment, le pétrolier a aussi acquis 25% d’Adani New Industries Limited (ANIL). Parmi les éléments avancés dans son rapport, Hindenburg Research s’étonne par exemple qu’Adani Total Gas soit audité par une entreprise dépourvue de site Internet et comptant seulement 11 salariés.
TotalEnergies ne baisse pas
La proximité du groupe dirigé par Patrick Pouyanné avec le géant indien n’a pourtant entraîné que peu de réactions des investisseurs. L’action TotalEnergies a clôturé la séance de vendredi en hausse de 0,2% et reculait de 1,5% lundi matin. Interrogé par L’Agefi, un porte-parole de l’entreprise a indiqué que «les investissements réalisés par TotalEnergies dans les entités d’Adani ont été effectués dans le respect total des lois applicables, notamment indiennes, et de nos processus de gouvernance interne. Notre exercice de due diligence, qui a été mené de manière satisfaisante pour TotalEnergies, était conforme aux meilleures pratiques, et tous les documents pertinents du domaine public ont été examinés».
L’indifférence du marché s’explique sans doute aussi par les valorisations boursières qu’affichent toujours Adani Total Gas et Adani Green Energy. Même après une chute de 20%, leurs capitalisations s’élèvent à 39 et 29 milliards de dollars. Soit environ 14,6 et 5,8 milliards pour les parts détenues par TotalEnergies alors que le français avait investi «seulement» 600 millions de dollars dans Adani Total Gas et 2 milliards dans Adani Green Energy. Il y a encore de la marge avant que leur cours de Bourse, qui se sont envolés au cours des deux dernières années, retombent à ces niveaux de valorisation.
Le doute jeté sur le sérieux d’Adani pourrait néanmoins, s’il se confirme, finir par pénaliser TotalEnergies. Au-delà des sommes investies, le partenariat noué avec le conglomérat indien soutient deux piliers importants de la stratégie du groupe : le développement du GNL et des énergies vertes. A fin 2021, l’Inde représentait 56% des capacités brutes installées de génération d’électricité solaire de l’énergéticien. En juin dernier, il indiquait s’associer à Adani via l’achat de 25% d’ANIL pour créer «un acteur géant de la production d’hydrogène vert». Après la diffusion de l’émission Cash Investigation lui étant consacrée le 26 janvier, TotalEnergies a vécu une fin de semaine agitée.
Plus d'articles du même thème
-
Le président de BP s’apprête à tirer sa révérence sous la pression d’Elliott
Helge Lund quittera le groupe britannique, vraisemblablement en 2026, dans le cadre d’une transition ordonnée. La recherche d’un successeur est désormais lancée. -
L’Opep et Donald Trump réveillent le spectre d’un pétrole à 60 dollars
Le cours de l’or noir a chuté de plus de 10% en deux jours. Alors que les droits de douane américains risquent de peser sur la demande, le cartel des pays exportateurs a annoncé une hausse surprise de sa production en mai. -
Rebondissement pour Scor dans l’affaire Partner Re
Le réassureur Scor est mis en examen, en tant que personne morale, dans le cadre de l’enquête judiciaire pour des faits reprochés à son ancien président Denis Kessler. L’instruction concerne des faits imputés à l’association ASPM accusée de tentative de déstabilisation du groupe Covéa lors de sa procédure de rachat du réassureur Partner Re en 2022.
ETF à la Une
- La Banque Postale débarque le patron de sa banque privée
- A la Société Générale, Slawomir Krupa se prépare à la taylorisation des banques
- La Société Générale prend le risque d'une grève en France fin mars
- Une nouvelle restructuration à la Société Générale ne plairait pas aux investisseurs
- Le CCF a perdu une centaine de millions d’euros l’an dernier
Contenu de nos partenaires
-
Pénuries
En combat air-air, l'aviation de chasse française tiendrait trois jours
Un rapport, rédigé par des aviateurs, pointe les « vulnérabilités significatives » de la France en matière de « supériorité aérienne », décrivant les impasses technologiques, le manque de munitions et les incertitudes sur les programmes d'avenir -
Escalade
L'armée algérienne passe à la dissuasion militaire contre la junte malienne
La relation entre Alger et Bamako ne cesse de se détériorer ces derniers mois alors qu'ex-rebelles et armée malienne s'affrontent à la frontière algérienne -
En panne
Pourquoi les Français n’ont plus envie d’investir dans l’immobilier
L’immobilier était le placement roi, celui que l’on faisait pour préparer sa retraite, celui qui permettait aux classes moyennes de se constituer un patrimoine. Il est tombé de son piédestal. La faute à la conjoncture, à la hausse des taux, à la chute des transactions et à la baisse des prix, mais aussi par choix politique : le placement immobilier a été cloué au pilori par Emmanuel Macron via une fiscalité pesante et une avalanche de normes et d’interdictions