
Thales paie cher le mauvais angle de son flux de trésorerie

Le marché a l’art de trouver la faille. Et le groupe de technologies et de défense Thales en a fait les frais mercredi. Son action a perdu 3,6%, à 127,95 euros en clôture, soit la deuxième plus deuxième baisse du CAC 40, en dépit de bons résultats annuels et des perspectives convaincantes dévoilées pour 2023. A une exception près, toutefois.
Thales prévoit un flux de trésorerie disponible opérationnel d’environ 6,5 milliards d’euros pour la période 2021-2023. Cela implique qu’il devrait avoisiner 1,5 milliard d’euros cette année, soit 12% de moins que la prévision moyenne des analystes, relève Berenberg.
Le flux de trésorerie disponible opérationnel est pourtant le point sur lequel Thales a surpris favorablement ces dernières années. Celui de 2022 s’est établi à 2,53 milliards d’euros, un nouveau record. Ce montant dépasse d’environ 50% le consensus et représente le fait marquant des résultats annuels du groupe, souligne Jefferies.
Cette performance «continue de traduire à la fois les fortes prises de commandes à l’export, les effets de phasage d’encaissement positifs liés à l’exécution des contrats, ainsi que les progrès continus des équipes sur les actions mises en œuvre depuis 2020 dans le cadre de l’initiative ‘CA$H!’», a souligné Thales dans un communiqué.
A lire aussi: Les grandes entreprises affichent leur confiance pour 2023
La marge d’Ebit dépasse ses niveaux prépandémiques
A part le free cash-flow opérationnel, les autres objectifs du groupe pour cette année s’avèrent légèrement supérieurs aux attentes des analystes. Et ce, malgré les incertitudes à court terme mentionnées par Thales, notamment en ce qui concerne la vitesse de redressement du trafic aérien et le risque de pénuries de composants.
Pour 2023, le groupe vise un chiffre d’affaires compris entre 18 milliards et 18,5 milliards d’euros, correspondant à une croissance organique comprise entre 4% et 7%, ainsi qu’une marge opérationnelle (Ebit) située entre 11,5% et 11,8%.
A moyen terme, Thales assure que ses perspectives sont «très solides», puisqu’il bénéficiera de la poursuite du redressement du trafic aérien et des cadences de production des avions commerciaux, ainsi que la hausse des besoins en aéronautique militaire.
Le groupe a fait état de prises de commandes records de 23,6 milliards d’euros l’an passé, en hausse de 16% par rapport à 2021 en données organiques. Y figure notamment le contrat majeur lié à la fourniture de 80 Rafale aux Emirats Arabes Unis. Lors d’une conférence téléphonique avec des journalistes, Patrice Caine, le président-directeur général de Thales, a indiqué que le groupe avait bénéficié l’an dernier d’une «forte dynamique commerciale», malgré «un environnement opérationnel complexe». Sur l’ensemble de 2022, le groupe a dégagé un bénéfice net de 1,12 milliard d’euros, contre 1,09 milliard d’euros en 2021, soit une hausse de 3%.
Le résultat opérationnel (Ebit) s’est inscrit à 1,94 milliard d’euros en 2022, en progression de 15,6% sur un an en données organiques. La marge correspondante a atteint 11%, contre 10,2% en 2021. «La marge d’Ebit dépasse son niveau d’avant la crise du Covid-19», a souligné Patrice Caine lors de la conférence. Le chiffre d’affaires annuel de Thales a progressé de 5,5% en données organiques, à 17,6 milliards d’euros, «tiré notamment par le dynamisme des activités d’identité et de sécurité numériques (DIS)», a indiqué Thales dans un communiqué. L’arrêt des activités en Russie a eu un impact négatif de 135 millions d’euros sur les revenus du groupe, soit 80 millions pour le pôle aérospatial et 55 millions d’euros pour le secteur identité et sécurité numériques.
Selon le consensus disponible sur le site Internet de Thales, les analystes attendaient en moyenne des prises de commandes de 22,1 milliards d’euros, un chiffre d’affaires de 17,6 milliards d’euros, un Ebit de 1,9 milliard d’euros et une marge d’Ebit de 10,9%. Thales proposera un dividende de 2,94 euros par action au titre de son exercice 2022, après 2,56 euros pour 2021.
Plus d'articles du même thème
-
Amazon veut concurrencer Starlink avec ses satellites internet Kuiper
Dans le sillage d’Elon Musk, le fondateur d’Amazon Jeff Bezos s’apprête à envoyer à son tour sa première constellation de satellites destinés à son projet d'internet spatial, à partir du mercredi 9 avril. -
Groupama enregistre le résultat le plus élevé de son histoire
L’assureur mutualiste affiche des résultats 2024 en nette progression par rapport à l’exercice précédent grâce à la bonne tenue de l’ensemble de ses activités d’assurance et une sinistralité "climatique" clémente. Toutefois, le ratio de solvabilité pâtit d’effets de marché défavorables et d’exigences en capital plus élevées. -
Safran avance dans son marathon réglementaire lié à la reprise de Collins
Le gendarme britannique de la concurrence estime que les concessions fournies par le groupe français pourraient suffire à apaiser ses craintes.
ETF à la Une
- La Banque Postale débarque le patron de sa banque privée
- A la Société Générale, Slawomir Krupa se prépare à la taylorisation des banques
- La Société Générale prend le risque d'une grève en France fin mars
- Une nouvelle restructuration à la Société Générale ne plairait pas aux investisseurs
- Le CCF a perdu une centaine de millions d’euros l’an dernier
Contenu de nos partenaires
-
Pénuries
En combat air-air, l'aviation de chasse française tiendrait trois jours
Un rapport, rédigé par des aviateurs, pointe les « vulnérabilités significatives » de la France en matière de « supériorité aérienne », décrivant les impasses technologiques, le manque de munitions et les incertitudes sur les programmes d'avenir -
Escalade
L'armée algérienne passe à la dissuasion militaire contre la junte malienne
La relation entre Alger et Bamako ne cesse de se détériorer ces derniers mois alors qu'ex-rebelles et armée malienne s'affrontent à la frontière algérienne -
En panne
Pourquoi les Français n’ont plus envie d’investir dans l’immobilier
L’immobilier était le placement roi, celui que l’on faisait pour préparer sa retraite, celui qui permettait aux classes moyennes de se constituer un patrimoine. Il est tombé de son piédestal. La faute à la conjoncture, à la hausse des taux, à la chute des transactions et à la baisse des prix, mais aussi par choix politique : le placement immobilier a été cloué au pilori par Emmanuel Macron via une fiscalité pesante et une avalanche de normes et d’interdictions