
Suez fait entrer des hommes frais à son conseil d’administration

Attaqué par Veolia, Suez fait appel à des hommes frais. Le groupe a annoncé mercredi après Bourse, lors de la publication de ses résultats trimestriels, une modification de son conseil d’administration, avec l’entrée de deux nouveaux administrateurs en remplacement de deux démissionnaires.
Le premier démissionnaire est Isidro Fainé Casas, le président du groupe bancaire espagnol Criteria Caixa, deuxième actionnaire de Suez avec environ 6% du capital. « Caixa n’est pas sorti du capital et réaffirme même son soutien au plan stratégique du groupe et son maintien au capital », a indiqué Bertrand Camus, le directeur général de Suez, lors d’une conférence téléphonique avec des journalistes.
Le mandat d’Isidro Fainé Casas avait été renouvelé lors de l’AG de mai 2020. Bertrand Camus a expliqué son départ pour « des raisons personnelles et de disponibilité ». Depuis l’annonce fin août du projet d’OPA hostile de Veolia, le conseil d’administration de Suez s’est réuni 16 fois, a indiqué Bertrand Camus. Caixa est actuellement engagé dans l’acquisition de son concurrent Bankia.
Le départ d’Isidro Fainé Casas n’exprime pas non plus la volonté de Suez de quitter le marché espagnol. « L’Espagne est un marché prioritaire, au cœur de notre stratégie. Nous n’avons aucune intention de désengagement », a assuré Bertrand Camus.
Le second démissionnaire est Francesco Caltagirone. Son départ s’explique par la sortie définitive et programmée du groupe familial italien du capital de Suez. Son mandat arrivait à échéance lors de l’AG 2021.
Deux administrateurs ont été cooptés à leur place. Il s’agit de Bertrand Meunier, président d’Atos et ancien dirigeant de PAI Partners, et de Jacques Richier, le PDG d’Allianz France.
Aucun dialogue avec Veolia
Ce remaniement intervient alors Veolia et Suez se regardent en chiens de faïence, depuis que le premier a acquis début octobre 29,9% du capital auprès d’Engie. « Il n’y a pas de dialogue sous quelque forme que ce soit avec Veolia, car aucune des conditions nécessaires à un dialogue n’est réunie », a indiqué Bertrand Camus. « Le premier des préalables est d’avoir une offre précise, concrète et engageante », ce qui n’est pas le cas actuellement selon le directeur général de Suez.
Interrogé sur les questions soulevées par certains des actionnaires minoritaires de Suez, notamment sur le fonctionnement de la fameuse fondation néerlandaise, Bertand Camus a assuré que le groupe « maintient un dialogue avec l’ensemble de ses actionnaires » et « répond à l’ensemble de ces courriers en réaffirmant les fondamentaux de la situation : il n’y a toujours pas d’offre et nous ne voulons pas de traitement de faveur entre actionnaires ». « La plupart d’entre eux comprennent bien », a-t-il ajouté.
Quant à convoquer une AG extraordinaire afin que les actionnaires tranchent le problème avec Veolia, Bertrand Camus a répondu que « cela dépend des questions » que les actionnaires voudraient soumettre au vote. Il a rappelé que Veolia, en tant que premier concurrent de Suez, ne peut utiliser ses droits de vote qu’avec l’accord de la Commission européenne, le temps que celle-ci donne son feu vert sur le projet d’acquisition.
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