
Sika fragilise l’accord entre Saint-Gobain et la famille actionnaire

Sika s’est immédiatement engouffré dans la brèche ouverte vendredi par le tribunal du canton de Zoug. Profitant d’une décision qui conforte sa position, le conseil d’administration du groupe suisse tente de faire voler en éclats l’accord de vente signé fin 2014 entre la famille actionnaire et Saint-Gobain. Dans un entretien paru hier dans le journal Schweiz am Sonntag, le président de Sika, Paul Haelg, a révélé que la société a une proposition qui représentait une meilleure alternative pour la famille Burkard. «J’aimerais d’abord discuter avec la famille des paramètres concrets», a-t-il indiqué. «Mais ce sera une solution financièrement attractive et rapide, qui préservera l’indépendance de Sika», a-t-il assuré, sans donner plus de détails. Selon lui, Sika a les moyens de financer le rachat des parts de la famille sur ses propres ressources.
Fin 2014, Saint-Gobain s’est entendu avec la famille Burkard pour lui racheter sa holding SWH (Schenker-Winkler Holding) contre un chèque de 2,75 milliards de francs suisses (2,3 milliards d’euros à l'époque). Le montant était élevé mais en mettant la main sur SWH, le groupe français s’assurait le contrôle de Sika sans avoir à lancer une OPA sur la totalité du groupe. SWH ne détient que 16,1% seulement du capital mais 52,4% des droits de vote en AG. Le conseil d’administration de Sika, opposé depuis le départ au rachat du groupe par Saint-Gobain, et appuyé par des actionnaires minoritaires, avait limité en AG à 5% les droits de vote de SWH. La holding familiale avait contesté en justice cette censure de droits de vote. Vendredi, les juges du tribunal de Zoug ont donné raison à la direction de Sika.
Si elle devait être confirmée en appel, la décision des juges réduirait considérablement l’intérêt de l’opération pour Saint-Gobain. Vendredi, le groupe français a confirmé sa volonté de mener à bien son projet, en rappelant que l’accord avec la famille est valable jusqu’en juin 2017 et qu’il a la possibilité de le proroger jusqu’en décembre 2018. Saint-Gobain s’est refusé dimanche à tout nouveau commentaires.
De son côté, la famille semble moins ferme. «Nous aimerions que toutes les parties s’assoient à la table (des négociations), Sika, Saint-Gobain et la holding familiale SWH», a indiqué dimanche Urs Burkard, un membre de la famille. Il a toutefois rappelé que les actionnaires familiaux sont tenus par l’accord.
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