Ronan Le Moal : « Nous voulons accompagner les transitions ESG »

Ronan Le Moal, cofondateur d’Epopée Gestion, annonce à L’Agefi Hebdo le closing d’un nouveau fonds, pour les entreprises. Objectif : réinvestir les territoires.
Sylvie Guyony
Ronan Le Moal, cofondateur d’Epopée Gestion

Peu de temps après sa création, Epopée Gestion a reçu le label France Relance, en octobre 2020, pour un fonds de capital-investissement destiné aux entreprises petites et moyennes (PME) ou de taille intermédiaire (ETI). Qu’en est-il désormais ?

Ronan Le Moal : Pour une mise sur le marché, il faut compter 12 à 18 mois. Nous venons de finaliser une première levée pour Epopée Transitions I : 84 millions d’euros souscrits par des grands institutionnels français, des family offices et entrepreneurs. La taille cible, de 120 millions, sera atteinte en fin d’année. Ce « fonds professionnel de capital-investissement » est destiné aux PME et ETI du Grand Ouest. L’objectif est d’aider à l’émergence de champions régionaux, quel que soit leur secteur d’activité (télécoms, santé, industrie, agroalimentaire, etc.). Seulement 4 % d’entreprises de ce type – avec un chiffre d’affaires de 10 à 100 millions d’euros – ont un fonds à leurs côtés et moins de 13 % ont réalisé une opération de croissance externe ces 15 dernières années. Nous voulons les accompagner en tant qu’actionnaire minoritaire en leur apportant les fonds propres nécessaires à leur développement (de 2 à 10 millions d’euros). Mais aussi dans leurs transitions, notamment écologique et digitale, en prenant en compte les enjeux environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG). C’est une des « verticales » retenues par Epopée Gestion, comme le financement de l’innovation, d’infrastructures immobilières (pour lesquelles nous avons levé un premier fonds en juin) et de nouvelles mobilités.

Votre parcours de banquier vous permet de réunir des investisseurs variés, mais comment convaincre des patrons de PME de se lier à un fonds ?

Les investisseurs ont besoin d’actifs de rendement cash and cash, dans la durée : nous avons pour eux une démarche de proxy et leur donnons une visibilité à 10 ans. Les PME et ETI sont les principales créatrices d’emplois en France. Nous allons au contact de ces entreprises, sans intermédiaire. Nous leur expliquons notre état d’esprit : un fonds d’entrepreneurs pour les entrepreneurs. Dans le deal flow, qui mènera à une douzaine de participations (au maximum 15 à 18 afin de garder une réserve financière pour des réinvestissements), nous avons ainsi une entreprise d’une trentaine de millions d’euros de chiffre d’affaires, qui est déjà exportatrice (vers les Etats-Unis) mais qui pourrait accroître de 10 points la part de son chiffre d’affaires en digital : nous avons établi un diagnostic en nous appuyant sur l’expertise sectorielle de certains collaborateurs dans notre équipe, d’une quinzaine à date. Nous croyons à une démarche de proximité pour créer de la valeur. A cet égard, indépendamment des investissements de notre entreprise et de nos démarches pour obtenir certains labels, nous avons créé un fonds de dotation, abondé par une partie du carried interest (commission revenant au gérant, NDLR), en faveur du commerce de proximité. Nous voulons contribuer, à notre échelle, à la création de valeur sociale : une entreprise, des emplois, des familles, une supérette, une boulangerie... contribuent à un développement homogène et vertueux en termes écologiques. La crise du Covid-19 l’a mis en relief.

Vous étiez aux côtés de Cédric O à l’ouverture du festival des Vieilles Charrues. Le secrétaire d’Etat chargé de la Transition numérique a pu constater la bonne mise en place du pass sanitaire, mais aussi annoncer, ce 8 juillet, le lancement de French Tech Rise, pour soutenir le financement des start-up régionales. Quelle est la thèse d’investissement d’Epopée sur ce segment ?

J’ai connu Charles Cabillic lorsque nous avions une vingtaine d’années, débutant au Crédit Mutuel de Bretagne. C’est ensemble que nous avons fondé Epopée. Il y a apporté le fonds West Web Valley, d’environ 34 millions d’euros. Nous allons en ouvrir un deuxième avec un closing intermédiaire d’environ 25 millions d’euros à la rentrée et une taille cible de 40 millions au total. Il sera dédié au développement de start-up à impact en région. Nous avons la même démarche de sourcing adaptée, mais sommes ouverts à des collaborations avec d’autres fonds.

La philosophie peut-elle être la même dans l’immobilier ?

Bien sûr ! Nous avons annoncé le 22 juin une première levée de 110 millions d’euros (dette comprise) auprès de grands institutionnels (assureurs, sociétés de gestion, caisses de retraite…) avec une cible, à terme, de 180 millions. Notre fonds Epopée Immo Rendement I permet de financer du bureau ou de la logistique en région, avec des tickets de 2 à 6 millions d’euros, notamment avec des opérations de sale and lease-back qui libèrent les entrepreneurs et leur permettent de réinvestir dans des projets de développement. Un deuxième fonds immo/infra est déjà dans les cartons, avec une nouvelle thèse, une stratégie différente. D’ici à la fin de l’année, nous nous pencherons sur la mobilité, l’énergie… Nous avons déjà des projets de développement pour 2022 et 2023.

Propos recueillis par Sylvie Guyony

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