
Nexans entre dans une nouvelle période d’instabilité

La «parfaite harmonie avec le conseil d’administration» vantée hier par Arnaud Poupart-Lafarge au moment d’expliquer les raisons de son inattendu départ de la direction générale de Nexans est loin d'être partagée. Le cours de l’action du fabricant de câbles a perdu jusqu'à 8,10% en cours de séance, avant de finir en repli de 4,87% à 42,16 euros. Cette démission est d’autant plus surprenante qu’elle reste largement inexpliquée, une source proche de Nexans évoquant hier un «choix de vie». Arnaud Poupart-Lafarge a assuré qu’il ne partait pas pour un autre groupe.
«Cette décision constitue une surprise alors qu’Arnaud Poupart-Lafarge était entré en fonctions en 2014 pour assurer le plan de redressement du groupe et qu’il venait de présenter un nouveau plan stratégique pour la période 2018-2022», résument les analystes d’Oddo BHF, qui ont réduit leur objectif de cours sur la valeur de 50 à 48 euros. Le plan «Paced for growth» avait été présenté par Arnaud Poupart-Lafarge mi-décembre 2017. Il avait peu convaincu. Depuis son annonce, et avant la chute d’hier, le cours de Nexans avait plié de près de 20% quand celui de Prysmian, le premier concurrent européen du groupe, ne cédait que 2%.
Le DGA assurera la continuité
Pour ajouter à la confusion, Pascal Portevin, le directeur général adjoint de Nexans, n’est pas candidat au remplacement d’Arnaud Poupart-Lafarge. «Ma mission est d’assurer la continuité entre Arnaud et son successeur» sans «perdre de temps», a expliqué Pascal Portevin, alors qu’Arnaud Poupart-Lafarge a accepté de rester en poste jusqu’en septembre 2018. Le conseil d’administration a lancé un processus de recrutement interne et externe afin de choisir «dans les meilleurs délais» un nouveau directeur général.
Alors que la nomination d’Arnaud Poupart-Lafarge en 2014 avait permis d’apaiser plusieurs mois de crise avec les actionnaires minoritaires du groupe, Nexans va nécessairement entrer dans une phase d’instabilité.
Concernant l’exécution du plan stratégique, Arnaud Poupart-Lafarge a assuré que la direction actuelle en «assurera la pleine continuité» et qu’il veillera à ce que les dossiers de fusions-acquisitions qui se prolongeraient au-delà de son départ puissent être repris par Pascal Portevin. Mais rien ne dit que le futur directeur général endossera tous les projets élaborés par son prédécesseur.
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