
Les prix de l’électricité multiplient les records en Europe

Les prix sur le marché de gros de l’électricité en Europe ont atteint mercredi de nouveaux records. La veille, ils avaient dépassé pour la première fois 500 euros le mégawatt-heure en Allemagne, dans le sillage du retour du prix du gaz en Europe à ses plus hauts historiques.
Mercredi, le prix de l’électricité à un an en Allemagne a atteint 512 euros le MWh, sur l’European Energy Exchange, après avoir touché un plus haut de 521 euros/MWh en séance. En France, les prix se sont également envolés à un nouveau record de 678 euros/Mwh pour le contrat à un an. Les prix diffèrent d’un pays à l’autre en fonction des besoins obligeant certains d’entre eux à importer de l’électricité à leurs voisins, ce qui est désormais le cas de la France.
Les prix à court terme sont également en forte hausse en Allemagne comme en France. Le contrat day-ahead (achat pour une livraison le jour suivant) a bondi à 557 euros/MWh en Allemagne et 560 euros/MWh en France, mercredi. Depuis un an, les prix ont été multipliés par plus de six en Allemagne et ont plus que doublé depuis deux mois.
Le bond des cours du gaz au cours de la dernière année est à l’origine de cette flambée des prix de l’électricité qui a envoyé l’inflation à des plus hauts depuis plusieurs décennies en Europe. Ils ont été multipliés par plus de 10 sur la période. Mercredi, le prix du gaz en Europe (contrat TTF 1 mois à Amsterdam) a dépassé le précédent record en clôture de début mars, lors du début de la guerre en Ukraine, à 231 euros/MWh. Le prix du gaz est une référence pour le marché de gros de l’électricité car les besoins supplémentaires sont fournis par cette énergie (23% de la production d’électricité en Europe) alors que les capacités du parc nucléaire (26% de la production) ont fortement diminué, notamment en France.
Pressions multiples
Le marché du gaz est sous pression, et devrait le rester au cours des prochains fois, alors que la demande a explosé ces derniers mois tandis que l’offre est limitée, notamment du côté de la Russie (un tiers des approvisionnements gaziers de l’Europe). En général, les prix sont plus faibles durant la période estivale car la demande est plus faible, ce qui permet de constituer des réserves pour l’hiver à moindre coût. Mais la nécessité de remplir les stocks dans la crainte d’une pénurie de gaz russe cet hiver a déjà créé une pression sur ce marché. La canicule et la sécheresse depuis le début de l’été ont par ailleurs provoqué une hausse de la demande d’électricité, peu habituelle pour la période, mais aussi une baisse des capacités de certaines centrales électriques (charbon en Allemagne par exemple en raison de la baisse critique du niveau du Rhin qui limite les capacités de transports) et des barrages hydroélectriques (en raison du niveau bas des réservoirs). A cela s’ajoute un faible rendement du parc éolien.
46% des capacités nucléaires
Le parc nucléaire français, véritable colonne vertébrale du réseau électrique en Europe, fonctionnait à 46% de ses capacités mercredi, selon RTE, en raison de problèmes de maintenance mais aussi du niveau faible des cours d’eau. L’Hexagone est devenu importateur net d’électricité au premier semestre cette année, ce qui explique aussi la flambée des prix de gros.
Le groupe russe Gazprom a déclaré mardi que les prix du gaz en Europe pourraient augmenter de 60% et atteindre 347 euros/Mwh, soit plus que le record de mars à 345 euros enregistré en séance. La pression sur le gaz, et donc sur le marché de gros de l’électricité ne devrait donc pas faiblir d’autant que la demande des pays asiatiques en gaz naturel liquéfié (GNL), en particulier la Chine, qui fait face à un épisode caniculaire et qui veut aussi remplir ses stocks pour l’hiver, fait monter les prix en Asie mais aussi en Europe. Cette concurrence sur ce marché ne facilite pas la tâche des pays européens qui veulent diminuer leur dépendance au gaz russe. En Europe, deux pays échappent à l’envolée des prix de l’électricité sur le marché de gros : l’Espagne et le Portugal. Ils ont décidé de mettre un plafond sur le prix payé par les producteurs d’électricité pour l’achat du gaz.
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