
Les gestions jouent leur partition dans la féminisation des conseils et des comex

En cette veille de journée internationale des droits des femmes, les gestions montrent leur rôle dans la féminisation des conseils d’administration et des instances dirigeantes.
Les mesures coercitives de la loi Copé-Zimmermann et les politiques d’engagement des investisseurs ont permis à la France de prendre de l’avance et de conserver sa première place. Les conseils d’administration du SBF 120 comptent 46% de femmes, devant la Norvège (41%), la Suède (40%), le Royaume-Uni (38%), les Etats-Unis (32%) et l’Allemagne (31%), selon le dernier baromètre IFA - Ethics & Boards. «Sans quota sur les conseils d’administration, les entreprises anglaises sont bien positionnées, constate Marie-Sybille Connan, senior stewardship analyst chez Allianz GI. D’autres pays comme l’Allemagne sont définitivement en retard». En France, la loi Copé-Zimmermann impose un quota de 40% depuis 2017. «La question reste cependant de s’assurer de l’élargissement du ‘vivier’ dans la mesure où on retrouve les mêmes ‘usual suspects’ même si elles ne sont pas exposées au risque de cumul des mandats», ajoute Marie-Sybille Connan.
Toutefois, les femmes président davantage les conseils dans les pays anglo-saxons, à hauteur de 16% dans le FTSE 100 au Royaume-Uni et de 10% dans le S&P 100 aux Etats-Unis, contre seulement 9% dans le SBF 120 en France.
Au sein des 3.500 sociétés mondiales dans lesquelles BNPP AM investit, les femmes occupent en moyenne un quart des sièges des conseils, contre 18% pour le benchmark de 17.000 entreprises cotées d’ISS. Des chiffres qui masquent de fortes diversités en fonction des régions. «La diversité, qui ne se limite pas au genre et concerne aussi la diversité d’expertise, de parcours, de nationalités, d’origines, etc., constitue l’un des piliers de notre stratégie», précise Michael Herskovich, global head of stewardship de BNPP AM.
Adapter ses exigences en fonction du pays
Ainsi, la société de gestion fixe un seuil d’au moins 30% de femmes dans les conseils en Europe, en Amérique du Nord, en Australie, en Afrique du Sud et en Nouvelle-Zélande. Objectif déjà dépassé sur ces zones pour les sociétés détenues en portefeuille, sauf en Amérique du Nord, à seulement 27%. Pour les pays plus en retard (Amérique latine, Asie, Moyen-Orient et Afrique), la société de gestion fixe un seuil minimal de 15%. Toutefois, l’Asie et l’Amérique latine restent encore sous ce niveau, à 12% dans le portefeuille de BNPP AM. «Nous adaptons notre niveau d’exigence en fonction des pays, poursuit Michael Herskovich. Fixer un ratio trop élevé reviendrait à voter contre toutes les entreprises, sans récompenser les plus en avance. Par exemple, au Japon, seulement 7,8% de femmes siègent dans les conseils. Nous préférons regarder la dynamique de progrès».
Pour sa part, Allianz GI exige au moins 30% de femmes dans les conseils d’administration des grandes sociétés des pays développés (hors Japon, Hong Kong et Singapour). «Si ce niveau n’est pas atteint, nous votons contre la réélection du président du comité de nomination», confie Marie-Sybille Connan
«Si nos objectifs ne sont pas atteints, nous votons contre tous les administrateurs hommes», précise pour sa part Michael Herskovich. Afin de faire progresser les entreprises, BNPP AM serre la vis et s’oppose de plus en plus à la nomination d’administrateurs, passant de 20% de rejets en 2018 à 37% en 2021. Pour les pays le plus résistants au changement, ce taux d’opposition grimpe, jusqu’à 57% au Japon l’an dernier. Ce mouvement devrait perdurer puisque la société de gestion fixe désormais un objectif de 40% de femmes dans les conseils à horizon 2025. A l’heure actuelle, seulement 39% des entreprises du portefeuille de BNPP AM en Europe et 3% en Asie ont atteint ce niveau.
Des comex anglo-saxons et scandinaves plus féminisés
Du côté de la mixité des instances dirigeantes, la France avec 24% de femmes dans le SBF 120 reste derrière les pays scandinaves (31% en Norvège, 26% en Suède) et anglo-saxons (26% aux Etats-Unis et 25% au Royaume-Uni), selon le dernier baromètre IFA - Ethics & Boards. En revanche, elle devance les pays d’Europe continentale (21% aux Pays-Bas, 19% en Suisse et 15% en Allemagne).
«Nous n’avons pas de seuil minimum de féminisation des comités exécutifs, notamment car l’accès aux données liées au genre reste très compliqué, explique Michael Herskovich. Notre politique concerne avant tout la féminisation du conseil d’administration, pour lequel nous votons en assemblée générale. Toutefois, dans notre stratégie d’engagement, nous incitons à la mixité à tous les niveaux de l’entreprise».
Pour sa part, Allianz GI recommande, sans mesure contraignante, de féminiser à hauteur de 30% au moins les instances dirigeantes. En France, la loi Rixain fixe des objectifs de 30% de femmes dans les instances dirigeantes en 2027 et 40% en 2030. «Qu’on aime ou non les quotas, en la matière, ils sont un facteur de prise de conscience et d’accélération du changement, rappelle Marie-Sybille Connan. Ensuite, aux investisseurs et aux dirigeants de jouer le jeu et de faire bouger les lignes pour une société plus inclusive». Le Club 30% France Investor Group, regroupant 12 sociétés de gestion – dont Allianz GI – pesant 5.500 milliards d’euros d’actifs sous gestion, est engagé dans un dialogue avec les entreprises dans lesquelles elles investissent afin d’atteindre 30% de femmes dans les comités exécutifs, dès 2025.
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