
Les fonds activistes visent des cibles de plus en plus importantes

Les investisseurs activistes élargissent sans cesse leur champ d’intervention. Malgré un repli de 2,7% du nombre de campagnes lancées à l’échelle mondiale par des fonds activistes sur les douze mois clos en juin 2018 (651 nouveaux cas, contre 669 un an plus tôt), ils ciblent des entreprises de plus en plus grandes, selon une étude de JPMorgan. Au total, 200 campagnes activistes (30,7%) ont concerné sur cette période des sociétés ayant une capitalisation boursière supérieure à un milliard de dollars (855 millions d’euros) et 68 (10,5%) ont visé des groupes dont la valeur dépassait 10 milliards de dollars.
Outre-Atlantique, Trian Fund Management a pris une participation de 3,5 milliards de dollars dans Procter & Gamble afin d’influencer sa stratégie. Le lessivier, qui a obtenu de justesse le soutien de ses actionnaires en assemblée générale, a fait entrer à son conseil d’administration (CA) Nelson Peltz, fondateur du fonds alternatif new-yorkais.
Dans près de la moitié des cas, les activistes ont ciblé des sociétés non américaines. Après s’être déployés en Europe, en Asie et en Australie, «ces fonds sont désormais présents dans de nouveaux pays, comme Israël ou l’Afrique du Sud, avec le soutien de grands investisseurs institutionnels qu’ils entraînent dans leur sillage», relève l’étude. L’augmentation de la taille des cibles est particulièrement visible en Europe, où 13% des campagnes ont porté sur des capitalisations de 5 à 10 milliards de dollars, contre 5% sur les douze mois clos en juin 2017.
Sur 43 campagnes lancées par des activistes non européens sur des entreprises du Vieux Continent en 2017-2018, «près des trois quarts étaient des fonds américains en quête de nouvelles cibles hors de leur marché domestique, déjà largement couvert». Corvex Management et Sachem Head Capital Management ont chacun mené leur première campagne en Europe, et Trian Fund songe à lever de l’argent au Royaume-Uni pour s’attaquer à une cible européenne.
Les principales exigences des investisseurs activistes continuent de porter sur la politique de fusions-acquisitions des entreprises et la réorganisation de leurs activités. Viennent ensuite la gouvernance et la responsabilité sociale et environnementale (RSE). Pour se faire entendre, ils ont demandé, à l’échelle mondiale, au moins un siège au CA dans 51% des cas, 63% aux Etats-Unis. Les fonds les plus entreprenants vont jusqu’à prendre le contrôle de sociétés, comme Elliott Management, qui a acquis le spécialiste californien de la sécurité des réseaux Gigamon pour 1,6 milliard de dollars via sa filiale de private equity Evergreen Coast Capital. Le fonds dirigé par Paul Singer a également offert 6,9 milliards de dollars pour s’emparer d’Athenahealth, qui développe des applications mobiles dans la santé.
Campbell Soup, dont la capitalisation boursière atteint 12 milliards de dollars, illustre bien la montée en puissance des investisseurs activistes. Alors que le groupe américain, détenu à 41% par des actionnaires familiaux, est incité à se vendre par Third Point, il doit présenter aujourd’hui les résultats d’une revue stratégique commencée mi-mai. Si aucun processus de cession n’est annoncé, le fonds contrôlé par Daniel Loeb, soutenu par plusieurs hedge funds, pourrait demander à être représenté au CA lors de la prochaine assemblée générale, attendue en novembre, rapportait hier Reuters, de sources proches. Third Point, qui s’est appuyé sur un actionnaire familial dissident pour contrôler 8,4% du capital, est devenu le cinquième actionnaire de Campbell.
Plus d'articles du même thème
-
Le président de BP s’apprête à tirer sa révérence sous la pression d’Elliott
Helge Lund quittera le groupe britannique, vraisemblablement en 2026, dans le cadre d’une transition ordonnée. La recherche d’un successeur est désormais lancée. -
Rebondissement pour Scor dans l’affaire Partner Re
Le réassureur Scor est mis en examen, en tant que personne morale, dans le cadre de l’enquête judiciaire pour des faits reprochés à son ancien président Denis Kessler. L’instruction concerne des faits imputés à l’association ASPM accusée de tentative de déstabilisation du groupe Covéa lors de sa procédure de rachat du réassureur Partner Re en 2022. -
Les tribulations de Carrefour crispent le marché et fragilisent son patron
A la peine en Bourse depuis plusieurs années, le distributeur peine à convaincre du bien-fondé de sa stratégie alors que le mandat de son PDG, Alexandre Bompard, arrivera à échéance en 2026.
ETF à la Une
- La Banque Postale débarque le patron de sa banque privée
- A la Société Générale, Slawomir Krupa se prépare à la taylorisation des banques
- La Société Générale prend le risque d'une grève en France fin mars
- Une nouvelle restructuration à la Société Générale ne plairait pas aux investisseurs
- Le CCF a perdu une centaine de millions d’euros l’an dernier
Contenu de nos partenaires
-
Pénuries
En combat air-air, l'aviation de chasse française tiendrait trois jours
Un rapport, rédigé par des aviateurs, pointe les « vulnérabilités significatives » de la France en matière de « supériorité aérienne », décrivant les impasses technologiques, le manque de munitions et les incertitudes sur les programmes d'avenir -
En panne
Pourquoi les Français n’ont plus envie d’investir dans l’immobilier
L’immobilier était le placement roi, celui que l’on faisait pour préparer sa retraite, celui qui permettait aux classes moyennes de se constituer un patrimoine. Il est tombé de son piédestal. La faute à la conjoncture, à la hausse des taux, à la chute des transactions et à la baisse des prix, mais aussi par choix politique : le placement immobilier a été cloué au pilori par Emmanuel Macron via une fiscalité pesante et une avalanche de normes et d’interdictions -
Contre-espionnage
Fuites sur Israël: Macron a débusqué la taupe au gouvernement
Le président de la République est persuadé d'avoir trouvé la ministre à l'origine de la fuite de ses propos sur Israël