
Les Etats-Unis prévoient de durcir les sanctions contre Huawei et ZTE

Un nouvel obstacle devrait encore compliquer l’accès des équipementiers télécoms chinois au marché américain. A l’issue d’un examen du dossier ayant duré 18 mois, la Federal Communication Commission (FCC), l’autorité de régulation des télécoms et des médias, a annoncé lundi soir qu’elle prévoyait de considérer officiellement Huawei et ZTE comme des entreprises à risque pour la sécurité nationale du pays, ce qui empêchera les opérateurs régionaux de recourir à un financement public pour leur acheter des équipements et services. Lors de sa réunion du 19 novembre, la FCC se prononcera également sur une résolution demandant aux opérateurs ayant bénéficié du fonds de service universel de remplacer les équipements déjà acquis auprès de ces groupes chinois, en se tournant vers «d’autres fournisseurs plus dignes de confiance».
S’ils achètent du matériel provenant d’entreprises représentant une menace pour la sécurité nationale, les opérateurs télécoms concernés ne pourront donc plus utiliser le fonds de 8,5 milliards de dollars, créé par la FCC, qui permet de subventionner la fourniture de services à haut débit dans les zones où la densité de population est faible, ainsi que dans les écoles et les bibliothèques. En parallèle, le régulateur mettra en place un programme de remboursement destiné à couvrir les dépenses de remplacement des équipements visés. Les deux groupes chinois auront 30 jours pour contester la qualification donnée par la FCC, une fois cette décision prise. Mais l’ordre définitif de remplacement des équipements ne devrait pas intervenir avant l’an prochain au plus tôt.
La modernisation des infrastructures mobiles vise à rendre l’ensemble des réseaux américains compatibles avec la norme 5G. Une douzaine d’opérateurs régionaux ayant installé des commutateurs et d’autres équipements mobiles provenant de Huawei et de ZTE ont engagé depuis plusieurs mois des négociations avec le suédois Ericsson ou le finlandais Nokia pour trouver des solutions alternatives. Le Congrès américain pourrait de son côté voter le déblocage d’une subvention d’un milliard de dollars aux petits opérateurs mobiles pour les aider à remplacer le matériel chinois.
«Alors que les Etats-Unis modernisent leurs réseaux avec le déploiement de la prochaine génération de technologie mobile, la 5G, nous ne pouvons pas ignorer le risque que le gouvernement chinois cherche à exploiter les vulnérabilités des réseaux afin de pratiquer l’espionnage, insérer des logiciels malveillants et des virus et autrement mettre en péril nos réseaux essentiels de communication», a expliqué Ajit Pai, président de la FCC. Il a ajouté qu’un rapport de la société Finite State, spécialisée dans la cybersécurité, a dévoilé qu’une majorité des fichiers de microprogrammes de Huawei comportait au moins un moyen de pirater un système par le biais d’une ‘porte dérobée’ (‘backdoor’) et que chaque appareil mobile de Huawei présentait «en moyenne 102 failles de sécurité connues».
Les Etats-Unis «devraient arrêter de calomnier les entreprises chinoises et leur fournir un environnement non-discriminatoire pour leur activité», a répliqué hier Geng Shuang, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, en dénonçant un «harcèlement économique». «Depuis 30 ans, Huawei n’a jamais enregistré d’incident majeur lié à la sécurité dans les 170 pays où nous sommes présents», a de son côté affirmé un porte-parole du fabricant basé à Shenzhen, en ajoutant que les mesures annoncées par la FCC ne feront qu’accroître le fossé numérique entre les grandes agglomérations américaines et les zones rurales desservies par les petits opérateurs.
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