
Les actionnaires de Vivarte sabrent dans les marques du groupe

Difficile pour Oaktree, Alcentra et Babson, les principaux actionnaires et administrateurs de Vivarte, rejoints mi-2016 par GLG, de démentir les accusations de démantèlement lancées par les syndicats de Vivarte. Depuis leur prise de contrôle lors de la restructuration financière de 2014, le groupe de vêtements et de chaussures a vendu ou engagé la cession de dix de ses enseignes, sur un total initial de dix-sept.
Hier, lors de deux comités centraux d’entreprises, en plus de deux plans de sauvegarde de l’emploi à la Halle aux Chaussures et chez Vivarte Services, la direction de Vivarte a officialisé la mise en vente d’André et de Naf Naf. Début janvier, un porte-parole du groupe avait pourtant assuré qu’aucun mandat n’avait été confié pour la vente d’André. Hier, la direction a annoncé qu’un repreneur avait été trouvé, sans vouloir donner son nom, plongeant un peu plus dans le doute les 750 salariés de l’enseigne de chaussures. Ces deux processus s’ajoutent à ceux en cours sur Chevignon, Pataugas, Kookaï et les marques espagnoles Merkal et Fosco. L’an dernier, Vivarte a déjà vendu la Compagnie vosgienne de la chaussure, Défi Mode et Accessoires Diffusion.
En cédant ces marques, les actionnaires de Vivarte veulent se séparer d’importants foyers de pertes. Lors de l’exercice clos fin août 2016, André a essuyé une perte d’exploitation de 18 millions d’euros, selon des documents publiés au greffe du tribunal. Pour Naf Naf, la perte ressort à quelque 6 millions.
L’objectif est de préserver l’Ebitda de Vivarte afin d’assurer le remboursement de sa dette, essentiellement les 500 millions de new money apportés par les actionnaires-créanciers en 2014 contre une rémunération confortable : 4% d’intérêts annuels en plus de l’Euribor majorés de 7% d’intérêts capitalisés. Ce «new money» s’ajoute aux 809 millions de dette renégociée lors de la restructuration de 2014. Hors intérêts capitalisés, le groupe verse chaque année plus de 30 millions de charges financières, pour un résultat d’exploitation (Ebit) tombé à 70 millions fin août 2016.
Sous la houlette de l’administrateur judiciaire Hélène Bourbouloux, des négociations sont en cours entre les créanciers pour restructurer une nouvelle fois la dette renégociée. La différence de statut entre les créanciers, qu’ils soient détenteurs de l’ancienne ou de la nouvelle dette, voire des deux, crée des tensions. Patrick Puy, le nouveau PDG de Vivarte, espère un accord prochainement.
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