
Le nucléaire belge mène la vie dure à Engie

Même si le nucléaire ne fait plus partie des énergies stratégiques d’Engie, la question de l’avenir des centrales nucléaires belges sera au cœur du plan stratégique que Jean-Pierre Clamadieu, le président du groupe, et Isabelle Kocher, sa directrice générale, doivent dévoiler début 2019. Les indisponibilités à répétition des centrales nucléaires belges, qui ne fonctionnent actuellement qu’à 52% de leur capacité, auront amputé de 600 millions d’euros l’Ebitda consolidé cette année, a confirmé Engie hier, lors de la publication de ses chiffres trimestriels. Des difficultés qui lestent le cours de Bourse : il a perdu 15% cette année. Dans leur modèle, du fait du facteur nucléaire belge, les analystes de HSBC appliquent une décote de 20% sur la valorisation des actifs de production d’électricité d’Engie.
Avec un tel handicap, «la confirmation de notre objectif annuel est un exploit», souffle Judith Hartmann, directrice générale adjointe en charge des finances, en insistant sur la capacité des autres métiers, notamment le trading et les énergies renouvelables, à compenser cette baisse d’Ebitda. Au final, le résultat net récurrent part du groupe en 2018 s’établira dans le bas d’une fourchette allant de 2,45 à 2,65 milliards d’euros.
Compte tenu des mesures mises en place, Engie se dit confiant sur le calendrier de reprise. Quatre centrales en maintenance ou en travaux doivent redémarrer d’ici à la fin de l’année. Deux reprendront dans le courant du premier semestre 2019. Les résultats 2019 devraient donc profiter de l’effet de reprise des réacteurs, d’autant que le prix de l’électricité produite par ces centrales aura augmenté dans l’intervalle.
Pour autant, même si la situation revient à la normale en Belgique, ces centrales ne devraient pas occuper une place de premier choix dans le nouveau plan stratégique. Engie ne peut pas indéfiniment compter sur ses autres métiers pour compenser les éventuels dérapages de ses centrales nucléaires et prendre le risque de ne pas avoir suffisamment de ressources pour entretenir la croissance de ses métiers stratégiques (énergies renouvelables, gaz et services).
Engie pourrait-il dans ce cas chercher un partenaire pour réduire son exposition au marché belge ? «La priorité est la remise en service mais nous ne sommes pas fermés à cette idée», reconnaît Judith Hartmann, tout en démentant de nouveau les récents articles de presse annonçant une approche auprès d’EDF qui détient déjà des parts de 10% dans les centrales de Tihange 2 et 3 et de Doel 3 et 4.
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