
Le conseil d’administration de Wells Fargo sauve sa tête

Les déclarations virulentes et interruptions de séance qui ont émaillé hier l’assemblée générale de Wells Fargo n’ont pas détrôné les administrateurs de la banque américaine. Malgré le scandale lié aux pratiques commerciales abusives qui a éclaté à la fin de l’été dernier, les 15 membres du conseil d’administration ont tous été réélus. Le pourcentage de votes favorables oscille toutefois entre 53 et 99%.
Cette large fourchette montre l’effritement de la confiance des actionnaires. Plusieurs administrateurs pourraient du coup décider de démissionner, faute d’adhésion forte à leur personnalité. «Si un membre obtient moins de 80%, alors il y aura vraiment un nuage [noir] au-dessus d’eux», estimait avant le début de la réunion Jonas Kron, responsable de la politique actionnariale chez Trillium Asset Management, interrogé par Bloomberg. Un avis partagé par d’autres observateurs. Dans la plupart des sociétés du S&P 500, le pourcentage de votes favorables atteint en moyenne de 95%, selon le cabinet de conseil Semler Brossy. Et un appel à voter contre émanant du cabinet de conseil en vote ISS aboutit généralement à une baisse de seulement 17 à 18 points, loin des faibles scores réalisés par certains élus du conseil de Wells Fargo.
Face à la fronde grandissante, les dirigeants de la banque à la diligence ont rencontré et appelé leurs principaux investisseurs ces derniers jours. Ils leur ont demandé de ne pas renverser le conseil, suspecté d’avoir manqué à son devoir de supervision, voire fermé les yeux sur les errements du groupe. Wells Fargo a en effet ouvert ces dernières années plus de 2 millions de comptes fantômes à l’insu de ses clients, avec à la clé le prélèvement de frais indus. Ces pratiques illicites permettaient aux conseillers de remplir leurs objectifs de vente, très ambitieux. Plus de 5.000 salariés ont été renvoyés avant que la direction opérationnelle de la banque n’endosse sa part de responsabilité. L’ancien PDG John Stumpf a ainsi été contraint à la démission et a dû rendre une partie de sa rémunération.
«Nous avons été très occupés durant sept mois, mais nous sommes maintenant concentrés pour faire les bonnes choses, de réels progrès, et je suis pleinement confiant dans le fait que nous sommes sur la bonne voie», a tenté de rassurer hier Tim Sloan, le nouveau directeur général de la banque. «Aujourd’hui, les actionnaires de Wells Fargo ont envoyé, je pense, un clair message d’insatisfaction», a reconnu de son côté le président Stephen Sanger.
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