
Le calendrier de décarbonation du secteur automobile européen paraît compromis

A l’occasion du Mondial de l’Automobile tenu à Paris, plusieurs constructeurs automobiles européens ont souligné les incertitudes entourant le rythme de décarbonation du secteur. A court terme, ils souhaitent que la Commission européenne leur accorde «des mesures d’aide urgente» pour faire face l’an prochain au durcissement des normes d’émission de dioxyde de carbone (CO2) qu’ils peineront à respecter en raison du ralentissement des ventes de véhicules électriques.
A cet égard, Luca de Meo, directeur général de Renault, a critiqué l’excès de réglementation de Bruxelles, alors que les Etats-Unis «stimulent massivement leur industrie» et que la Chine l’organise «pour équilibrer le jeu, avec d’immenses besoins».
Alors que Carlos Tavares, directeur général de Stellantis, fait planer la menace de fermetures d’usines en raison de la progression des marques chinoises sur le marché européen des véhicules électriques, celui de Renault plaide en faveur d’une coopération accrue avec les constructeurs de l’Empire du Milieu. «C’est une opportunité qu’il ne faut pas rater. Nous devons apprendre de nos expériences et les imiter quand ils sont meilleurs que nous», a déclaré ce dernier. Il a cité BYD qui est parvenu à maîtriser sa chaîne d’approvisionnement et Xiaomi qui est entré sur le marché des véhicules connectés grâce à son savoir-faire dans les smartphones.
A lire aussi: Les groupes automobiles européens à la veille de défis majeurs
Un risque de rétrécissement massif du secteur en Europe
Luca de Meo, qui préside également l’Association des constructeurs européens d’automobiles (Acea), juge que les dizaines de milliards d’euros investis dans l’électrification du secteur doivent s’accompagner d’une plus grande souplesse concernant l’interdiction totale de la vente de véhicules neufs à moteur thermique à l’horizon 2035. Cet argument est repris par Oliver Zipse, président du directoire de BMW, pour lequel une interdiction à cette échéance «déboucherait sur un rétrécissement massif de l’ensemble de l’industrie automobile européenne».
Le dirigeant du constructeur bavarois estime que le projet conçu par Bruxelles «n’est plus réaliste» et que les subventions accordées pour les véhicules électriques sont «insoutenables». Elles ont d’ailleurs été supprimées en Allemagne et fortement réduites en France. En août dernier, moins de 13% des véhicules commercialisés en Europe étaient à motorisation entièrement électrique, une proportion bien inférieure au seuil de 20% prévu par l’exécutif européen pour la production de ce type de véhicules en 2025.
Plus d'articles du même thème
-
Le nouveau dilemme européen du déploiement de Bâle 3
Sans parler de retour en arrière ou de dérégulation, l’Europe semble désormais consciente d’être allée plus vite et plus loin que les autres juridictions en matière de règlementation bancaire. L’optimisation des règles qui restent encore à produire dans le cadre de la transposition du dernier paquet bancaire de Bâle 3 et de la mise en œuvre de la FRTB cristallise l’attention du secteur. -
Thomas Verdin (BM&A Reg Tech) : «L’application des règles de Bâle a un coût opérationnel important»
La finalisation des règles de Bâle obligera les banques, qui étaient habilitées à n’utiliser que des méthodes internes de mesure des risques, à comparer ces résultats avec une méthode dite standard, à partir de données externes. Thomas Verdin, directeur associé de BM&A Reg Tech, explique simplement quelles sont les implications opérationnelles de ces changements. -
Le Parlement européen vote un report de CSRD
Le Parlement européen a voté le report des dates d’application des nouvelles législations de l’UE sur le devoir de vigilance et la publication d’informations en matière de durabilité pour certaines entreprises.
Sujets d'actualité
ETF à la Une
- La Banque Postale débarque le patron de sa banque privée
- A la Société Générale, Slawomir Krupa se prépare à la taylorisation des banques
- La Société Générale prend le risque d'une grève en France fin mars
- Une nouvelle restructuration à la Société Générale ne plairait pas aux investisseurs
- Le CCF a perdu une centaine de millions d’euros l’an dernier
Contenu de nos partenaires
-
Pénuries
En combat air-air, l'aviation de chasse française tiendrait trois jours
Un rapport, rédigé par des aviateurs, pointe les « vulnérabilités significatives » de la France en matière de « supériorité aérienne », décrivant les impasses technologiques, le manque de munitions et les incertitudes sur les programmes d'avenir -
Escalade
L'armée algérienne passe à la dissuasion militaire contre la junte malienne
La relation entre Alger et Bamako ne cesse de se détériorer ces derniers mois alors qu'ex-rebelles et armée malienne s'affrontent à la frontière algérienne -
En panne
Pourquoi les Français n’ont plus envie d’investir dans l’immobilier
L’immobilier était le placement roi, celui que l’on faisait pour préparer sa retraite, celui qui permettait aux classes moyennes de se constituer un patrimoine. Il est tombé de son piédestal. La faute à la conjoncture, à la hausse des taux, à la chute des transactions et à la baisse des prix, mais aussi par choix politique : le placement immobilier a été cloué au pilori par Emmanuel Macron via une fiscalité pesante et une avalanche de normes et d’interdictions