
Lagardère trouve un accord pour faire sauter sa commandite

Un événement historique se joue chez Lagardère. Le groupe de médias et de distribution a annoncé ce mercredi matin avoir conclu un accord avec ses principaux actionnaires en vue de transformer son statut juridique en société anonyme (SA) et d’abandonner ainsi le statut protecteur de société en commandite par actions (SCA), critiqué par plusieurs investisseurs influents.
« Le conseil de surveillance de Lagardère SCA a accueilli favorablement la proposition présentée par Arnaud Lagardère de soumettre à l’assemblée générale du 30 juin 2021 un projet de transformation de la société en société anonyme », a indiqué le groupe dans un communiqué. Lagardère SCA avait annoncé lundi étudier la faisabilité d’un tel projet.
« Je suis très heureux de ce changement voulu de la société et assumé de ma part, sans état d'âme », a déclaré Arnaud Lagardère, le gérant commandité de Lagardère SCA, lors d’une conférence avec des journalistes.
Cette proposition avancée par Arnaud Lagardère s’inscrit dans une perspective de dialogue actionnarial désormais apaisé, les principaux investisseurs du groupe s'étant engagés à voter en faveur de ce projet de transformation.
Arnaud Lagardère, futur PDG de Lagardère SA
Si l’assemblée générale de Lagardère SCA approuve ce projet, ses principaux actionnaires - Arnaud Lagardère, le fonds Amber Capital, Vivendi, Groupe Arnault et Qatar Holding - seront représentés au conseil d’administration de Lagardère SA et Arnaud Lagardère deviendra PDG, pour une durée de six ans.
Le conseil d’administration de Lagardère SA serait composé de 11 membres, dont deux représentant les salariés. Trois autres membres seraient désignés par Arnaud Lagardère, dont lui-même et deux indépendants. Vivendi pourrait également proposer trois administrateurs, dont deux indépendants. Amber Capital, Financière Agache, un véhicule d’investissement détenu par Groupe Arnault, et Qatar Holding désigneraient chacun un administrateur.
Les associés commandités, Arnaud Lagardère et la société Arjil Commanditée--Arco que le dirigeant contrôle, seraient compensés de la perte de leurs droits pécuniaires et non pécuniaires par l’attribution d’un total de 10 millions d’actions nouvellement émises, a indiqué Lagardère SCA. Ce volume d’actions correspondant à 7,08% du capital de la société, après émission, Arnaud Lagardère pourrait ainsi doubler sa participation au capital du groupe.
Après transformation, les principaux actionnaires de Lagardère SA seraient Vivendi (27%), Amber Capital (18%), la holding d’Arnaud Lagardère (14%), Qatar Holding (12%) et Financière Agache (7%).
Le périmètre du groupe préservé
Malgré cette transformation, l’intégrité du groupe devrait être préservée, autour de ses deux piliers, Lagardère Publishing et Lagardère Travel Retail.
Dans un communiqué, le fonds d’investissement Amber Capital, qui détient à ce jour environ 20% du capital de Lagardère SCA, a confirmé apporter « son soutien au projet de transformation de la société Lagardère SCA en une société anonyme et à la mise en place d’une gouvernance en son sein ». Amber Capital et Lagardère SCA se sont engagés à mettre fin aux diverses procédures judiciaires qui les opposaient.
« Ce projet concrétise l’expression de la vision stratégique d’Amber Capital en sa qualité d’investisseur et d’actionnaire de référence de Lagardère, engagé dans le redressement du groupe depuis 2016 », a ajouté le fonds. Le pacte d’actionnaires conclu en aout 2020 entre Amber Capital et Vivendi, qui possède actuellement près de 29% du capital de Lagardère SCA, demeure en vigueur.
Contacté par l’agence Agefi-Dow Jones, un porte-parole de Vivendi a indiqué que le groupe de médias et de divertissement « accueill[ait] favorablement cette nouvelle ».
Plus d'articles du même thème
-
Le président de BP s’apprête à tirer sa révérence sous la pression d’Elliott
Helge Lund quittera le groupe britannique, vraisemblablement en 2026, dans le cadre d’une transition ordonnée. La recherche d’un successeur est désormais lancée. -
Rebondissement pour Scor dans l’affaire Partner Re
Le réassureur Scor est mis en examen, en tant que personne morale, dans le cadre de l’enquête judiciaire pour des faits reprochés à son ancien président Denis Kessler. L’instruction concerne des faits imputés à l’association ASPM accusée de tentative de déstabilisation du groupe Covéa lors de sa procédure de rachat du réassureur Partner Re en 2022. -
Les tribulations de Carrefour crispent le marché et fragilisent son patron
A la peine en Bourse depuis plusieurs années, le distributeur peine à convaincre du bien-fondé de sa stratégie alors que le mandat de son PDG, Alexandre Bompard, arrivera à échéance en 2026.
ETF à la Une
- La Banque Postale débarque le patron de sa banque privée
- A la Société Générale, Slawomir Krupa se prépare à la taylorisation des banques
- La Société Générale prend le risque d'une grève en France fin mars
- Une nouvelle restructuration à la Société Générale ne plairait pas aux investisseurs
- Le CCF a perdu une centaine de millions d’euros l’an dernier
Contenu de nos partenaires
-
Pénuries
En combat air-air, l'aviation de chasse française tiendrait trois jours
Un rapport, rédigé par des aviateurs, pointe les « vulnérabilités significatives » de la France en matière de « supériorité aérienne », décrivant les impasses technologiques, le manque de munitions et les incertitudes sur les programmes d'avenir -
Escalade
L'armée algérienne passe à la dissuasion militaire contre la junte malienne
La relation entre Alger et Bamako ne cesse de se détériorer ces derniers mois alors qu'ex-rebelles et armée malienne s'affrontent à la frontière algérienne -
En panne
Pourquoi les Français n’ont plus envie d’investir dans l’immobilier
L’immobilier était le placement roi, celui que l’on faisait pour préparer sa retraite, celui qui permettait aux classes moyennes de se constituer un patrimoine. Il est tombé de son piédestal. La faute à la conjoncture, à la hausse des taux, à la chute des transactions et à la baisse des prix, mais aussi par choix politique : le placement immobilier a été cloué au pilori par Emmanuel Macron via une fiscalité pesante et une avalanche de normes et d’interdictions