
L’action Orpea ne vaut plus que 0,02 euro et pourrait continuer à chuter

Le marché reprend ses droits. Le cours de Bourse de l’exploitant de maisons de retraite et de cliniques Orpea, étonnement élevé ces dernières semaines malgré l’annonce d’une restructuration financière à l’impact dilutif massif, chute jeudi de plus de 91%, à 0,02 euro.
Les investisseurs prennent acte de la réalisation de la première augmentation de capital du groupe, d’un montant de 3,9 milliards d’euros, qui a entraîné l'émission de 64,6 milliards de nouvelles actions. Ces actions ont été émises à un prix unitaire de 0,0601 euro, a rappelé Orpea dans un communiqué.
«La date de livraison des nouveaux titres étant fixée au 4 décembre, les personnes qui ont emprunté les actions pour faire de l’arbitrage n’ont plus besoin de ces actions. Il n’y a donc plus d’intérêt à emprunter les titres Orpea pour faire de l’arbitrage», explique Gabriel Teodorescu, associé de Laffitte CM, gérant d’un fonds spécialisé dans l’arbitrage des opérations de fusion-acquisition. «La baisse du titre ce jeudi est ainsi proche du coût d’emprunt de l’action que nous avions estimé à environ 90% de la valeur du titre».
Jusqu’à 0,0133 euro ?
Cette première augmentation de capital, avec maintien du droit préférentiel de souscription, s’inscrivait dans le cadre du plan de sauvegarde d’Orpea et avait pour objectif l’apurement de l’intégralité de l’endettement non sécurisé de la société.
L’effondrement du titre jeudi lui permet de se rapprocher de sa valeur théorique - inférieure à 0,02 euro. Deux autres augmentations de capital sont prévues dans les prochaines semaines dans le cadre du plan de sauvegarde d’Orpea.
A lire aussi: Clariane se tourne vers le Crédit Agricole pour sortir de l'impasse financière
Dans son communiqué, Orpea a d’ailleurs prévenu qu’il était «fortement probable que le cours de l’action post augmentations de capital s'établisse à un niveau proche des prix d'émission des augmentations de capital», soit 0,0178 euro par action pour la prochaine et 0,0133 euro par action pour la suivante, «impliquant ainsi une baisse massive du cours de l’action et des pertes significatives pour les actionnaires qui auraient acheté des actions de la société à un prix supérieur».
159 milliards d’actions
Après la première augmentation de capital, les créanciers non sécurisés, qui ont souscrit 98,1% des nouvelles actions par compensation de créance, détiendront 98,05% du capital de la société. Ils seront dilués lors de la prochaine levée de fonds à laquelle ils ne pourront pas souscrire. Seules les actions détenues au nominatif au 15 novembre ou acquises via la première augmentation dans la limite des droits octroyés par celles-ci, soit 69 millions de titres, permettent de bénéficier d’un droit de priorité lors de l’opération «Groupement» qui devrait être lancée le 6 décembre. L’essentiel des 65,17 milliards d’actions à émettre seront ainsi souscrites par le «groupement» mené par la Caisse des dépôts, aux côtés des assureurs Maif, CNP et MACSF. Ces nouveaux titres devraient être livrés le 19 décembre.
La troisième et dernière levée de fonds portera sur 29,3 milliards d’actions pour 390 millions d’euros, avec maintien du droit préférentiel des actionnaires. Le «groupement» s’est engagé à participer à hauteur de sa cote part, soit 196 millions d’euros, et le solde est garanti par des porteurs de la dette non sécurisée de l’entreprise.
A l’issue de ces opérations qui devraient s’achever au premier trimestre 2024, la Caisse des dépôts, Maif, CNP et MACSF, détiendront 50,1% du capital d’Orpea. Les créanciers en posséderont 48,8% tandis que le flottant représentera 1%.
Le capital d’Orpea sera composé après ces opérations d’environ 159 milliards d’actions.
Orpea tournera alors la page d’une crise historique déclenchée par les révélations du livre «Les Fossoyeurs» du journaliste Victor Castanet, en janvier 2022 et aggravée par les conséquences du Covid et la vive remontée des taux d’intérêt. Si le groupe est sauvé, les actionnaires, eux, ont tout perdu.
Plus d'articles du même thème
-
La chute se poursuit sur des marchés paniqués par la guerre commerciale
Les Bourses européennes ont ouvert dans le rouge vif lundi après le plongeon des marchés asiatiques. Les taux continuent également à reculer. -
Les cours de Bourse des gestionnaires d'actifs ne sont pas épargnés par la bataille des tarifs douaniers
L'Agefi a calculé et compilé les variations de cours enregistrées par les gestionnaires d'actifs cotés en Bourse sur les séances du 3 et 4 avril 2025 après les annonces américaines sur les droits de douane. -
Le risque de surenchère tarifaire tétanise les marchés
La riposte de la Chine aux tarifs douaniers réciproques de Donald Trump a exacerbé le risque d'escalade et de récession, plongeant les marchés financiers encore davantage dans la tourmente. Wall Street accuse sa pire chute depuis la crise Covid. L'Europe efface ses gains de 2025. Les investisseurs fuient vers les emprunts d'Etat.
ETF à la Une
- La Banque Postale débarque le patron de sa banque privée
- A la Société Générale, Slawomir Krupa se prépare à la taylorisation des banques
- La Société Générale prend le risque d'une grève en France fin mars
- Une nouvelle restructuration à la Société Générale ne plairait pas aux investisseurs
- Le CCF a perdu une centaine de millions d’euros l’an dernier
Contenu de nos partenaires
-
Pénuries
En combat air-air, l'aviation de chasse française tiendrait trois jours
Un rapport, rédigé par des aviateurs, pointe les « vulnérabilités significatives » de la France en matière de « supériorité aérienne », décrivant les impasses technologiques, le manque de munitions et les incertitudes sur les programmes d'avenir -
Escalade
L'armée algérienne passe à la dissuasion militaire contre la junte malienne
La relation entre Alger et Bamako ne cesse de se détériorer ces derniers mois alors qu'ex-rebelles et armée malienne s'affrontent à la frontière algérienne -
En panne
Pourquoi les Français n’ont plus envie d’investir dans l’immobilier
L’immobilier était le placement roi, celui que l’on faisait pour préparer sa retraite, celui qui permettait aux classes moyennes de se constituer un patrimoine. Il est tombé de son piédestal. La faute à la conjoncture, à la hausse des taux, à la chute des transactions et à la baisse des prix, mais aussi par choix politique : le placement immobilier a été cloué au pilori par Emmanuel Macron via une fiscalité pesante et une avalanche de normes et d’interdictions