
La Maif compte devenir une société à mission dès 2020

La Maif ouvre la voie pour les sociétés à mission. Lors de sa convention d’entreprise réunissant, en fin de semaine dernière, 2.000 personnes (élus, managers, collaborateurs), la mutuelle a annoncé son intention de devenir une entreprise à mission. Dans la foulée du rapport Notat-Senard, la loi Pacte a ouvert la possibilité à une entreprise de se muer en société à mission.
«Nous avons amorcé notre réflexion dès 2018 et suivi de près les débats parlementaires sur la loi Pacte, confie à L’Agefi Dominique Mahé, président de la Maif. Dans son ADN, avec son métier d’assureur et son statut de mutuelle, la Maif a pour vocation d’être une entreprise plus humaine et plus responsable, et d’avoir un impact positif sur la société. Nous voulons être pionnier de ce statut de société à mission pour valoriser notre modèle d’entreprise.»
Un an pour définir ses objectifs sociaux et environnementaux
Prendre la qualité de société à mission est très engageant. Aux termes de la loi, les statuts de l’entreprise doivent notamment préciser une raison d’être, et des objectifs sociaux et environnementaux que la société se donne pour mission de poursuivre dans le cadre de son activité, mais aussi prévoir le suivi par le comité de mission, et préciser les modalités de vérification de l’exécution des objectifs sociaux et environnementaux par un organisme tiers.
«Alors que les ordonnances précisant la loi Pacte ne sont pas encore publiées, nous proposerons la modification de nos statuts, avec l’inscription d’une raison d’être et la qualité de société à mission, lors de l’assemblée générale du printemps 2020, précise Dominique Mahé. Cela nous laisse un an pour mettre en place la gouvernance d’une société à mission (comité des parties prenantes) et définir nos objectifs sociaux et environnementaux. Ils concerneront notre modèle social et notre cœur de métier : la qualité de la relation avec nos sociétaires et plus largement notre impact sociétal et environnemental.»
La Maif met ainsi en place des actions au service de toutes ses parties prenantes. A commencer par ses plus de 3 millions de sociétaires. Des clients déjà fidèles, avec un taux de départ volontaire des sociétaires inférieur à 1% et un taux de fidélité trois fois supérieur à la moyenne du marché. Pour ses collaborateurs, l’assureur prône un management de «confiance, responsabilisation et coopération». Et tous ses 7.500 salariés, y compris ceux des plateaux téléphoniques, sont sur le territoire français. En termes d’égalité homme-femme, l’assureur se targue d’avoir un score de 99/100 à l’index Pénicaud, la meilleure note avec Sodexo et CNP Assurances. En matière de placement responsable, la Maif consacre déjà 80% de son portefeuille à des investissements ISR. «Le secteur de l’assurance a un rôle à jouer en matière de prévention du réchauffement climatique, poursuit Dominique Mahé. En 2018, nous avons connu la pire année en dix ans en termes de coûts liés aux catastrophes naturelles.»
«Une attention sincère portée à l’autre et au monde»
Autre exemple d’engagement environnemental, la réparation automobile, où la Maif est pionnière dans le recyclage. «Depuis le début de l’année, nous avons demandé à nos partenaires recycleurs de déconstruire tous les véhicules hors d’usage de plus de huit ans, explique Dominique Mahé. Notre objectif est de favoriser le sourcing des pièces issues de l’économie circulaire et de soutenir le pouvoir d’achat de nos sociétaires, en leur proposant de sauver leur véhicule en utilisant des pièces moins onéreuses».
Pour le moment, la Maif vient de proposer sa raison d’être : «Convaincus que seule une attention sincère portée à l’autre et au monde permet de garantir un réel mieux commun, nous la plaçons au cœur de chacun de nos engagements et de chacune de nos actions. C’est notre raison d’être». Une formule qui sera synthétisée lorsqu’elle sera inscrite dans les statuts. «Cette raison d’être s’enracine dans le monde de l’éducation, à l’origine de la création de la Maif en 1934, précise Dominique Mahé. Nous demandons concrètement à nos conseillers d’être à l’écoute de nos sociétaires et de nos prospects et d’avoir une démarche de conseil désintéressé. Nos conseillers ne sont pas commissionnés. Ils doivent cerner la réalité des besoins et des attentes des sociétaires. En matière de gestion de sinistres, nous allons jusqu’au bout de nos engagements, voire au-delà, au nom de l’empathie et de la solidarité, justifiant notre ‘attention sincère portée à l’autre’».
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