
La deuxième salve de Gotham City contre SES-imagotag rate sa cible

La deuxième salve n’a pas le même effet que la première. L’activiste Gotham City Research a révélé la suite de son rapport publié le 22 juin dernier et mettant en cause les comptes de SES-imagotag.
Alors que la première version avait fait chuter l’action du spécialiste des étiquettes électroniques, la seconde semble avoir plutôt rassuré les investisseurs. Vendredi, l’action a clôturé la séance sur une envolée de 31,6%, à 116,20 euros.
Dans cette nouvelle attaque contre SES-Imagotag, le fonds met en doute l’indépendance du conseil d’administration et maintient ses accusations d’irrégularités comptables, notamment en ce qui concerne les liens du groupe avec BOE Technology, son premier actionnaire.
«Les investisseurs, qui attendaient avec prudence la publication de la partie 2 du rapport de Gotham City Research, sont soulagés. Le fonds promettait des révélations sur des malversations, or il n’y a rien de tel dans ce rapport», commente un analyste parisien.
SES-imagotag a dénoncé vendredi soir les nouvelles accusations lancées par Gotham City Research, tout en annonçant avoir déposé plainte contre le fonds activiste, «notamment pour diffusion d’informations fausses et trompeuses».
Selon le fabricant d'étiquettes électroniques, la deuxième partie de la publication de Gotham City Research «ne contient rien de plus que la poursuite d’accusations fausses et délibérément trompeuses». Le groupe évoque également de «nombreuses et grossières inexactitudes qui ont pour seule fin de manipuler et tirer profit d’une éventuelle baisse du cours» de son action.
SES-imagotag entend publier dans les prochains jours une «réfutation tout aussi complète et détaillée de cette seconde publication», que celle dévoilée en réponse à la première offensive de Gotham City Research.
Le comité d’audit dans la ligne de mire
Le vendeur à découvert Gotham City reproche notamment à SES-imagotag de ne pas avoir rendu public le contrat de location du site de R&D du groupe, basé en Autriche, qui appartient à des membres de son conseil d’administration. Cette situation interroge sur l’incitation de SES-imagotag à négocier le plus bas prix possible pour son loyer, écrit-il dans son rapport.
Par ailleurs, Gotham City Research souligne que des dirigeants et de nombreux membres du conseil d’administration de SES-imagotag, dont des membres indépendants, ont acquis d’importantes participations dans la holding managériale de la société, Sesim, qui s’est endettée pour acheter des actions SES-imagotag.
Pour le fonds activiste, ces prises de participation compromettent l’indépendance et la capacité des administrateurs à exercer leur fonction de supervision de la direction.
Hélène Ploix, la présidente du comité d’audit, détient des parts de Sesim, ainsi que Franck Moison, autre membre du comité. Gotham City Research souligne également que Mme Censhui He, membre du comité, occupe en même temps des fonctions managériales au sein de BOE.
A lire aussi: Le cas SES-imagotag rappelle la place boursière à ses devoirs
Investissement dans une filiale japonaise
Dans son deuxième rapport, le fonds met à nouveau en cause la comptabilité de SES-imagotag. Notamment, la comptabilisation de l’investissement de SES dans la coentreprise entre le groupe et BOE, «déjà mentionnée dans la partie 1 du rapport, est incohérente», affirme Gotham City.
Le fonds activiste critique également le contrat d’exclusivité conclu entre SES-imagotag et BOE Chongqing, une entité du groupe BOE. Gotham City souligne que l’entreprise a payé ce contrat d’exclusivité «cash dès le départ, alors que sa trésorerie était très contrainte». En outre, «ce contrat d’exclusivité paraît inutile compte tenu notamment des liens capitalistiques entre SES et BOE», affirme Gotham City.
Le fonds s’interroge enfin sur les raisons pour lesquelles SES-imagotag a investi 18,7 millions d’euros dans une filiale japonaise, SES-imagotag Japan K. K. Selon le fonds, les modalités de cet investissement posent aussi question.
En revanche, Gotham City Research n’exprime plus, dans ce deuxième rapport, ses doutes sur la teneur des contrats de vente, annoncés récemment, avec le groupe américain de distribution Walmart.
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