
La contestation monte contre la politique de rémunération de Credit Suisse

La fronde à l’encontre des rémunérations des dirigeants pourrait bientôt s’illustrer chez Credit Suisse. La banque, qui tient son assemblée générale vendredi, devra composer avec la recommandation du cabinet Glass Lewis, qui conseille aux actionnaires de rejeter les rémunérations de la direction et du conseil d’administration. Les 21 millions de francs suisses offerts à cinq cadres sur le départ, dont l’ex-directeur général Brady Dougan, font grincer des dents.
Sur son blog, Glass Lewis avait déjà noté le 19 avril plusieurs points à éclaircir en amont du rassemblement, à commencer par la prime de bienvenue de 14,3 millions de francs suisses octroyée au successeur de Brady Dougan, Tidjane Thiam. Le cabinet regrette ainsi « l’ampleur » de cette enveloppe, visant à compenser son départ de l’assureur Prudential. Le cabinet souligne aussi « l’opacité de la présentation des rémunérations du reste de l’équipe de direction ».
Cet appel à voter « contre » intervient alors que des frondes ont éclaté chez BP et Anglo American. Dans le secteur bancaire, HSBC a annoncé vendredi une modification de sa politique de rémunération, qui pourrait réduire de 7% les montants perçus par ses administrateurs exécutifs. Alors que le bonus de Michael Corbat fait débat, Citigroup a de son côté modifié le calcul de ses bonus à compter de 2016, afin de rassurer ses actionnaires en amont de l’AG de mardi.
En Suisse, la loi impose un vote séparé annuel et obligatoire sur les rémunérations des dirigeants. « En dehors de ces points, les sociétés ont néanmoins de la liberté pour conduire ces votes », note Glass Lewis dans son guide 2016 dédié à la Suisse. Le vote sur les bonus peut par exemple être prospectif ou rétrospectif, à l’image de la résolution 4.2 de l’AG de Credit Suisse concernant l’approbation des 34,6 millions de francs suisses octroyés à la direction au titre de 2015.
En baisse de 11,5%, ce bonus pool contraste avec la perte nette de 2,9 milliards de francs suisses enregistrée en 2015, qui avait fait plonger début février l’action de la banque à un plus bas depuis 1992. Liée à une dépréciation de goodwill massive, un héritage du passé, cette situation rend la justification des actions et du cash différés octroyés à Brady Dougan et aux quatre directeurs sur le départ plus difficile. Aucun détail ne figure sur ces indemnités de départ, qui ont été négociées au cas par cas.
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