
La Bourse aime le projet de fusion entre TF1 et M6 malgré les obstacles

Les actions TF1 et M6 progressent mardi à la Bourse de Paris, les investisseurs appréciant la création de valeur promise par le projet de fusion entre les deux chaînes via d’importantes synergies. Le marché est toutefois conscient des importants risques réglementaires qui planent sur cette opération.
Vers 13h30, l’action TF1 prenait 7,36% à 8,97 euros et M6 s’adjugeait 4,46% à 18,28 euros, les deux valeurs figurant parmi les plus fortes progressions de l’indice SBF 120.
Les deux groupes audiovisuels ont annoncé lundi soir être entrés en négociations exclusives pour fusionner leurs activités et créer un champion national capable notamment de résister à la concurrence des «GAFAN», soit Google, Facebook, Amazon, Apple et Netflix. « La consolidation est une impérieuse nécessité pour que le public français et l’ensemble de la filière continuent de jouer un rôle prédominant face à une concurrence internationale exacerbée qui connait une accélération fulgurante », a souligné Nicolas de Tavernost, le président du directoire de M6, qui doit devenir PDG du nouvel ensemble une fois la fusion réalisée.
Ce rapprochement prévoit que le conglomérat Bouygues, actionnaire de contrôle de TF1, devienne le premier actionnaire du nouvel ensemble, avec 30% des parts, devant RTL Group, qui en posséderait 16%.
Essence même de toute opération de fusion-acquisition, les synergies liées à ce rapprochement sont évaluées entre 250 millions et 350 millions d’euros en année pleine au niveau du résultat opérationnel courant (Ebita). Ces synergies seraient réalisées à l’issue des trois premières années d’activité suivant la finalisation de la fusion.
« Sur la base de nos calculs et de l’enveloppe de synergies, nous estimons un potentiel de hausse du cours M6 de 39% à 58% et de 24% à 42,5% pour TF1 après actualisation », estime Oddo BHF dans une note publiée avant l’ouverture du marché. Le bureau d'études conclut que ce projet de fusion « fait ressortir des potentiels de hausse très importants pour les deux valeurs ». « Cette opération est très positive pour les deux groupes qui vont pouvoir créer un groupe leader en France avec une part de marché probablement autour de 60% sur le marché publicitaire TV », apprécie encore Oddo BHF.
Un processus antitrust probablement long et périlleux
« Cette opération, attendue de longue date, donnerait naissance à un champion français de l’audiovisuel ayant l’envergure nécessaire pour investir dans des plateformes en ligne et résister à l’inflation des coûts de contenu », souligne de son côté Jefferies.
Le rapprochement entre ces deux poids lourds des médias devra néanmoins passer sous les fourches caudines des autorités de régulation. Ce processus risque d'être long et périlleux et explique pourquoi la finalisation de l’opération est attendue d’ici à la fin de l’année 2022, soit environ un an et demi après l’annonce de ce mariage.
Bryan Garnier remarque à ce titre que le projet de fusion a été structuré de manière à réduire au maximum les risques réglementaires. M6 va notamment filialiser ses activités non liées à l’autorisation d'émettre la chaîne M6 dans une nouvelle entité appelée «M6 Services». Cette entité serait fusionnée avec TF1 tandis que les autres activités, renommées «M6 Edition», resteraient cotées. RTL Group apporterait par ailleurs à l’entité fusionnée sa participation de 48,3% dans «M6 Edition».
Cette séparation doit permettre à la fois de respecter la loi Léotard de 1986, qui limite à 49% la part qu’une même personne ou entité peut détenir au capital d’un service national de télévision dont l’audience moyenne annuelle dépasse 8% de l’audience totale des services de télévision, et de maximiser les synergies.
Malgré cette structure, « il est loin d'être évident » que l’opération puisse obtenir le feu vert des autorités de régulation sans concessions importantes, tels que la vente de certaines chaînes ou la séparation des régies publicitaires, prévient Bryan Garnier.
« Le marché intègre le risque que l’opération ne se fasse pas car elle constitue un gros pari sur le fait que l’Autorité de la concurrence accepte qu’un groupe puisse contrôler les trois quarts du marché publicitaire télévisuel. Cela suppose que l’autorité considère que le marché pertinent soit plus large que la télévision et soit étendu au web et à la radio », explique un analyste basé à Paris. « Même si cette opération était acceptée, des concessions pourraient réduire le potentiel des synergies », poursuit cet intermédiaire financier.
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