
EY n’est pas en mesure de donner une opinion sur les comptes de Solutions 30

Après près de deux semaines de suspension de cotation de ses actions, Solutions 30 a annoncé ce vendredi en fin de journée que EY Luxembourg, son commissaire aux comptes (réviseur d’entreprise), avait informé la société le 20 mai «ne pas être en mesure de formuler une opinion sur ses comptes annuels 2020, sans toutefois remettre son rapport définitif qui intègre le fondement de cette impossibilité d’exprimer une opinion». «A l’heure de diffusion de ce communiqué, le rapport d’audit définitif n’est pas disponible», a ajouté Solutions 30.
«La position d’EY, qui indique ne pas être en mesure d’exprimer une opinion, est inhabituelle : elle ne constitue ni une certification, ni une certification avec réserve, ni une opinion défavorable», s’étonne Solutions 30 dans son communiqué. «La société n’est toujours pas en mesure de donner un calendrier précis de publication de ce rapport», ajoute-t-elle.
« En raison des obligations de secret professionnel, EY Luxembourg n’est pas en mesure de commenter. Il est important de noter que les déclarations contenues dans le communiqué de presse de Solutions 30 reflètent les affirmations de la société, et non celles d’EY Luxembourg », a réagi EY dans un mail adressé à L’Agefi.
Le groupe ne comprend pas
Interrogée lors d’une conférence de presse sur les éléments qui ont empêché EY de rendre son opinion sur les comptes, la direction de Solutions 30 n’a pas été en mesure de fournir des explications. « Nous non plus nous ne comprenons pas», a indiqué Gianbeppi Fortis, le président du directoire de Solutions 30, assurant que les « conclusions d’EY vont arriver ».
Solutions 30 «examine la possibilité de nommer un nouveau réviseur d’entreprise».
Malgré l’absence de rapport d’audit définitif, le conseil de surveillance de Solutions 30 a néanmoins décidé le 20 mai 2021 de confirmer les principaux agrégats financiers 2020 (chiffre d’affaires, résultats...) déjà communiqués le 28 avril 2021. « Les agrégats ne sont pas remis en cause et 100% du cash a été vérifié », a assuré le directeur financier, Amaury Boilot. « Il n’y a pas de fraude », a-t-il affirmé.
Solutions 30 s’est décidé de communiquer à la demande de l’Autorité des marchés financiers qui s’inquiétait de ne pas voir les comptes consolidés audités, alors que ceux-ci auraient dû être publié avant la date limite du 30 avril.
Conciliation au tribunal
«Face aux éventuelles conséquences de cette absence d’opinion, le groupe a décidé de saisir le président du tribunal de commerce de Bobigny aux fins de solliciter la désignation d’un conciliateur pour l’assister et ainsi, en anticipation, apporter toutes réponses ou solutions permettant de s’assurer du soutien de ses partenaires», annonce Solutions 30. Même si Solutions 30 a son siège à Luxembourg, le groupe a choisi de se tourner devant le tribunal de Bobigny car son siège français, et sa principale filiale, se trouve à Saint-Denis.
Le groupe dit également avoir «engagé un processus de sélection de banquiers conseils afin d’activer la recherche d’actionnaire(s) de référence. Le projet, que la société n’entend pas commenter en dehors de ses obligations légales, pourrait aller jusqu’à un retrait de cote.» Difficile toutefois d’imaginer que ce processus de cession éventuel puisse avancer avant que toute la lumière soit faite sur les comptes du groupe.
« Notre point de vue est qu’il est très probable que Solutions 30 ait été utilisée comme un montage frauduleux facilitant le blanchiment d’argent. Il nous paraît en outre évident qu’EY a constaté de sérieux problèmes dans les états financiers 2020 de Solutions 30 au cours de son audit. Nous pensons qu’il convient de ne pas se fier aux résultats 2020 précédemment annoncés, dès lors qu’il est probable que ces résultats contiennent des erreurs substantielles », a réagi Carson Block, le fondateur et gérant du fonds activiste américain Muddy Waters. Détenteur d’une position de vente à découvert sur la société depuis 2019, Muddy Waters met en cause la véracité des comptes de la société depuis plusieurs mois.
La cotation des actions Solutions 30 doit reprendre lundi 24 mai.
Plus d'articles du même thème
-
Le président de BP s’apprête à tirer sa révérence sous la pression d’Elliott
Helge Lund quittera le groupe britannique, vraisemblablement en 2026, dans le cadre d’une transition ordonnée. La recherche d’un successeur est désormais lancée. -
Rebondissement pour Scor dans l’affaire Partner Re
Le réassureur Scor est mis en examen, en tant que personne morale, dans le cadre de l’enquête judiciaire pour des faits reprochés à son ancien président Denis Kessler. L’instruction concerne des faits imputés à l’association ASPM accusée de tentative de déstabilisation du groupe Covéa lors de sa procédure de rachat du réassureur Partner Re en 2022. -
Les tribulations de Carrefour crispent le marché et fragilisent son patron
A la peine en Bourse depuis plusieurs années, le distributeur peine à convaincre du bien-fondé de sa stratégie alors que le mandat de son PDG, Alexandre Bompard, arrivera à échéance en 2026.
ETF à la Une
- La Banque Postale débarque le patron de sa banque privée
- A la Société Générale, Slawomir Krupa se prépare à la taylorisation des banques
- La Société Générale prend le risque d'une grève en France fin mars
- Une nouvelle restructuration à la Société Générale ne plairait pas aux investisseurs
- Le CCF a perdu une centaine de millions d’euros l’an dernier
Contenu de nos partenaires
-
Pénuries
En combat air-air, l'aviation de chasse française tiendrait trois jours
Un rapport, rédigé par des aviateurs, pointe les « vulnérabilités significatives » de la France en matière de « supériorité aérienne », décrivant les impasses technologiques, le manque de munitions et les incertitudes sur les programmes d'avenir -
Escalade
L'armée algérienne passe à la dissuasion militaire contre la junte malienne
La relation entre Alger et Bamako ne cesse de se détériorer ces derniers mois alors qu'ex-rebelles et armée malienne s'affrontent à la frontière algérienne -
En panne
Pourquoi les Français n’ont plus envie d’investir dans l’immobilier
L’immobilier était le placement roi, celui que l’on faisait pour préparer sa retraite, celui qui permettait aux classes moyennes de se constituer un patrimoine. Il est tombé de son piédestal. La faute à la conjoncture, à la hausse des taux, à la chute des transactions et à la baisse des prix, mais aussi par choix politique : le placement immobilier a été cloué au pilori par Emmanuel Macron via une fiscalité pesante et une avalanche de normes et d’interdictions