Believe, le warning de Warner à la place financière de Paris

La sortie de cote du spécialiste des services numériques à la musique, désormais courtisé par Warner Music, offre un beau cas d’école de protection des actionnaires minoritaires à la Bourse de Paris. L'éditorial d’Alexandre Garabedian.
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Alexandre Garabedian  -  L'Agefi

L’attractivité de la place financière française ne se décrète pas, elle se construit. La sortie de cote de Believe, le spécialiste des services numériques pour les musiciens et les labels, va offrir un beau cas d’école de protection des actionnaires minoritaires à la Bourse de Paris. En officialisant jeudi son intérêt pour l’entreprise, l’américain Warner Music a mis dans le juke-box la pièce que certains espéraient.

Le processus était pourtant réglé comme du papier à musique. Mi-février, le PDG-fondateur de Believe s’alliait à deux fonds d’investissement, TCV et EQT, pour monter à 72% du capital et lancer une offre de retrait sur le solde à 15 euros par titre. S’agissant d’une entreprise qui s’était cotée en juin 2021 au prix unitaire de 19 euros, la manœuvre paraissait cavalière. Soit l’action avait été vendue trop cher au marché il y a trois ans, un scénario plausible quand on connaît la propension de certains banquiers à promettre monts et merveilles pour remporter un mandat d’introduction en Bourse. Soit le prix de retrait proposé était peu généreux pour les minoritaires, alors que l’entreprise vante ses perspectives de croissance. Les initiateurs de l’offre ne prenaient qu’un vrai risque, échouer à atteindre le seuil de détention de 90% du capital qui permet le retrait de cote en France.

Avec Warner Music, les actionnaires voient désormais se dessiner une alternative. Le label américain leur fait miroiter une offre d’au moins 17 euros par titre, en cash, pour autant qu’il puisse étudier plus en détail les comptes de Believe. Son approche a provoqué une réaction surprenante. Afin d’accélérer ses achats de blocs d’actions, le consortium concurrent a renoncé à la remise d’une attestation d’équité par un expert indépendant. Un choix que Warner juge contraire à la réglementation française, l’objet d’une telle attestation étant précisément de garantir à tous les actionnaires qu’on ne les maltraite pas.

Voilà un intéressant sujet pour les experts en droit boursier, à commencer par ceux de l’Autorité des marchés financiers. Mais aussi pour le Fonds stratégique de participations, le véhicule commun aux grands assureurs de la place, qui détient près de 4% de Believe et aura noté que l’action vaut désormais plus que 15 euros. Stay tuned.

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