Altice-Numericable actionne le levier de la dette pour SFR

En plus des 8,8 milliards d’euros de dette ajoutés chez Numericable, sa maison mère Altice garantira à crédit son augmentation de capital
Olivier Pinaud

LBO ? Patrick Drahi ne veut pas entendre ce mot pour qualifier le rachat de SFR par Altice-Numericable. A 3,5 fois l’Ebitda, loin des multiples consentis lors de LBO en bonne et due forme, la dette nette du futur ensemble SFR-Numericable donne en partie raison au premier actionnaire du câblo-opérateur. En revanche, le montage fait largement appel au levier de la dette, comme cela aurait été également le cas si Vivendi avait choisi Bouygues.

Les 13,5 milliards d’euros de cash que Numericable versera à Vivendi au moment de la signature officielle de la transaction, fin 2014-début 2015, une fois les autorisations obtenues, seront financés à hauteur de 8,8 milliards d’euros en dette, à la fois sous forme de prêts et d’obligations, en euros et en dollars. Elle s’ajoutera à la dette existante de Numericable, de l’ordre de 2,84 milliards, pour porter l’endettement de l’ensemble à 11,64 milliards. A l’occasion, la dette de Numericable sera refinancée pour profiter des conditions exceptionnelles que le marché connaît actuellement. La maturité moyenne de la dette de SFR-Numericable s’élèvera à 7 ans, essentiellement remboursable in fine.

Pour arriver aux 13,5 milliards d’euros promis à Vivendi, Numericable va aussi mettre ses actionnaires à contribution pour 4,7 milliards d’euros, via une prochaine augmentation de capital. Altice, la maison-mère de Numericable, en garantit 74,6%, un syndicat bancaire s’occupant du solde. Là encore, une dette servira à garantir cette levée de fonds. Au total, et pour couvrir l’intégralité du coût de SFR, en ajoutant le complément de prix éventuel de 750 millions d’euros, Altice va lever 4,15 milliards de dette sur le marché.

Conséquence, sa dette nette montera à 19 milliards d’euros, face à un peu plus de 4 milliards d’euros d’Ebitda, dont 2,4 milliards apportés par SFR. Son ratio de levier dette nette sur Ebitda ressortira ainsi à 4,6 fois, «en dessous de celui de l’américain Liberty», relativise Patrick Drahi.

Pour payer le rachat des parts de Cinven et de Carlyle au capital de Numericable, voire pour financer d’autres acquisitions, Altice pourrait augmenter son capital de 550 millions d’euros. Patrick Drahi, dont les finances de sa holding de tête Next LP ne sont pas publiques, pourrait y souscrire. Mais le futur président de l’ensemble SFR-Numericable estime que la capacité de désendettement du groupe pourrait permettre d’éviter de mettre les actionnaires d’Altice à contribution.

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