Washington lâche du lest sur le pétrole iranien

La flexibilité inattendue des Etats-Unis favorise la baisse des cours de l’or noir au moment où les inquiétudes sur la croissance de la demande se renforcent.
Bastien Bouchaud
pétrole
Les Etats-Unis sont devenus en août le premier producteur mondial de pétrole brut.  -  DR

Le changement de ton à Washington n’est pas passé inaperçu. Alors qu’il y a quelques mois, les Etats-Unis insistaient sur leur volonté de réduire «à zéro» les exportations de pétrole iranien pour asphyxier le régime, ils ont dévoilé hier le nom des huit pays bénéficiant d’une exemption temporaire de six mois aux sanctions. Les exemptions s’appliquent à des importateurs importants de pétrole iranien, dont la Chine, l’Inde ou la Turquie. Sont également concernés la Corée du Sud, le Japon, Taiwan, l’Italie et la Grèce. Compte tenu de l’intransigeance auparavant exhibée par Washington, cette flexibilité inattendue a largement pesé sur les cours du pétrole, au moment même où les inquiétudes sur le dynamisme de la demande se renforcent avec le ralentissement de l’économie chinoise.

Eloigner la perspective d’un pic à 100 dollars

A 73,55 dollars le baril de Brent hier, le pétrole s’affiche ainsi en recul de 15% environ par rapport au point haut atteint début octobre à plus de 86 dollars le baril, mais reste en hausse de près de 10% depuis le début de l’année. La hausse récente de la production saoudienne, «très visible pour le marché», a pu jouer sur le sentiment, alors que «la chute des exportations iraniennes est bien plus opaque», note Joel Hancock de Natixis. Avec les exemptions, cela explique que les sanctions «n’auront pas l’impact attendu», ce qui éloigne la perspective de pics à 100 dollars le baril avant la fin de l’année. Les fonds spéculatifs en particulier ont largement réduit leurs paris sur une hausse des cours selon les données de la CFTC américaine, à un point bas depuis septembre 2017, et augmenté ceux sur une baisse, au plus haut depuis la fin de l’année dernière.

Pour autant, la majorité des analystes estiment que la récente baisse des cours n’est pas soutenable, à l’instar de Natixis qui s’attend à un retour vers les 81 dollars dans les prochaines semaines. «Nous continuons à penser que les prix du pétrole bénéficieront des tensions sur l’offre jusqu’à l’année prochaine», écrit UBS. Si les Etats-Unis sont devenus en août le premier producteur mondial de pétrole brut à 11,3 millions de barils par jour, portés par le schiste qui en représente plus de la moitié, les contraintes logistiques restent importantes jusqu’à la mi-2019 et d’ici là les capacités de productions inutilisées restent faibles, rappelle la banque suisse. UBS anticipe l’ancrage des cours dans un tunnel haussier avec un prix du baril de Brent entre 85 et 90 dollars dans trois à six mois.

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