
Veolia dépose son OPA sur Suez, malgré la justice et les critiques de Bercy

L’offensive de Veolia sur Suez se poursuit, même si les obstacles se multiplient. Le groupe d’assainissement des déchets et de l’eau a déposé lundi matin son offre publique d’achat (OPA) sur les 70,1% du capital de son rival qu’il ne possède pas, malgré la demande de la justice de suspendre cette démarche ainsi que la vive opposition du gouvernement.
« J’ai déposé cette offre [lundi] à 7h00 » auprès de l’Autorité des marchés financiers (AMF), a annoncé le PDG de Veolia, Antoine Frérot, lors d’une conférence téléphonique avec des journalistes. « Nous avons reçu information de l’ordonnance » du tribunal de commerce de Nanterre demandant la suspension de ce dépôt « plus tard, vers 7h23 », a poursuivi Antoine Frérot. « Nous avions donc déposé notre offre avant et toutes les conditions légales sont satisfaites », a assuré le dirigeant.
Selon Veolia, l’AMF dispose d’un mois pour se prononcer sur la conformité de l’OPA. Contactée par l’agence Agefi-Dow Jones, l’Autorité n’a pas fait de commentaire.
Veolia avait annoncé dimanche son intention de déposer cette OPA, renonçant désormais à obtenir l’aval du conseil d’administration de Suez. « Nous avons changé notre intention d’offre comme la loi nous y autorise », a déclaré Antoine Frérot.
Jugeant cette décision illégale, Suez a saisi le tribunal de commerce de Nanterre, qui en référé, a demandé à Veolia « de ne pas rendre l’AMF destinataire d’un projet d’offre publique » ni d’initier une OPA sur les titres Suez « non préalablement approuvée par le conseil d’administration de Suez ». Suez doit de son côté délivrer une assignation dite "à bref délai» à Veolia, en vue d’une audience le 18 février à 9h15, selon l’ordonnance du tribunal qu’Agefi-Dow Jones a pu consulter.
Veolia a « rempli les conditions posées par l’Etat »
L’offensive de Veolia fait par ailleurs face à l’opposition du gouvernement. Le ministre de l’Economie, des Finances et de la Relance, Bruno Le Maire, a affirmé lundi matin sur Europe 1 que ce rapprochement ne pouvait s’opérer que de manière amicale et a jugé que la décision de Veolia « contrevenait » aux engagements pris par le groupe.
« Toutes les conditions posées par l’Etat nous les avons remplies », a répondu Antoine Frérot, qui a jugé que l’opposition de Bruno Le Maire à l’OPA de Veolia revenait à soutenir le projet alternatif, mené par les fonds d’investissement Ardian et Global Infrastructure Partners (GIP), projet qui a le soutien de la direction et du conseil d’administration de Suez. Le fonds américain Carlyle a démenti lundi midi sa participation à ce projet, contrairement à ce qu’indiquaient plusieurs sources à L’AgefI
Le PDG de Veolia a fustigé cette offre alternative, la qualifiant de « projet financier néfaste pour notre pays et pour toutes les parties prenantes », et prêtant aux fonds la volonté de vouloir revendre par la suite Suez « par morceaux ».
« Je suis persuadé que lorsqu’on comparera les deux projets [...] l’analyse de l’intérêt et de l’inconvénient des deux projets sautera aux yeux pour l’intérêt général », a poursuivi Antoine Frérot.
Bruno Le Maire veut saisir l’AMF
Le dépôt du projet d’OPA a provoqué la colère du ministre de l’Economie Bruno Le Maire qui appelle depuis des semaines à une solutions amicale entre les deux groupes. Il a annoncé sur Europe 1 que le gouvernement va saisir l’Autorité des marchés financiers (AMF), pourtant autorité administrative indépendante.
Selon lui, l’offre de Veolia « contrevient » aux engagements pris par le groupe dirigé par Antoine Frérot. Il a également jugé qu’elle posait « des questions de transparence: pourquoi est-ce que subitement cette offre a été déposée ? ». « Donc nous allons saisir l’Autorité des marchés financiers dès ce matin », a-t-il ajouté.
Un porte-parole du ministre a ensuite précisé que l’objet de cette démarche auprès de l’Autorité était d’« évaluer le dépôt de la nouvelle offre [de Veolia, NDLR] par rapport aux engagements pris à l’automne dernier et la cohérence de l’information financière ».
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