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Un marché actions martyrisé, mais un marché actions libéré !

La période estivale aura été marquée par un fort regain de volatilité. La concomitance de plusieurs phénomènes adverses de différentes natures a été à l’origine, fin juillet - début août, d’une baisse significative des indices actions. Publications économiques médiocres aux Etats-Unis et en Chine, «squeeze» de liquidité suite à la hausse des taux de la banque centrale du Japon, tensions des primes de risque géopolitiques, il n’en fallait pas plus, dans un moment de l’année où les volumes sont traditionnellement faibles, pour peser sur des indices actions à leur sommet historique.
La reprise en V constatée depuis avec un puissant rebond du mois d’août est rassurante et en dit long sur la solidité du marché et des fondamentaux micro et macroéconomiques. Notre conviction est que nous continuons d’évoluer dans le «mid term» du cycle d’expansion boursier, comme nous l’évoquions début juillet.
Ce cycle d’expansion boursier a pris racine il y a bientôt un an, au moment de la prise de conscience que la bataille contre l’inflation avait toutes les chances d’être remportée par les banques centrales. Le scénario d’un pivot monétaire accommodant (désormais enclenché) a commencé à se dessiner, ce qui a clairement été le moteur de la première vague de hausse intervenue entre octobre 2023 et mai 2024. Une démonstration supplémentaire du fait que le marché actions est dans l’anticipation et non la contemplation. Il est donc logique d’observer depuis mai une phase plus neutre, une fois l’amorce du cycle de baisse acquise.
Cette consolidation correspond au «mid term» du cycle d’expansion boursier, et nous continuons de penser qu’une deuxième vague de hausse devrait porter les indices dans les prochains mois en Europe, en voici les principales raisons.
Momentum économique
Ce dernier reste élevé en Europe, et nous demeurons, selon notre indicateur de momentum économique, dans un environnement procyclique qui pourrait se poursuivre encore durant plusieurs mois. Dans un tel contexte, les actions progressent en moyenne à un rythme annualisé de +10.5% depuis plus de 20 ans.
Ce type d’environnement est également censé être le plus porteur pour la performance relative des petites et moyennes valeurs. A ce stade cela ne s’est pas encore matérialisé, depuis un an les petites et moyennes valeurs affichent en effet la même performance que les grands indices en Europe. C’est probablement la politique restrictive de la BCE qui explique ce retard à l’allumage, mais désormais ce vent contraire pour les petites et moyennes capitalisations est tombé.

Politique monétaire
Le processus vertueux de baisse des taux a été enclenché en juin par la BCE et devrait démarrer en septembre pour la Fed. Environ 70 points de base de baisse supplémentaire des taux directeurs de la BCE sont désormais attendus d’ici la réunion de décembre. Avec la baisse de 25 points de base annoncés en juin cela signifierait que la baisse des taux estimée pour 2024 serait proche de 100 points de base. C’était déjà l’anticipation de février dernier.
Les tensions de l’été ont donc permis d’envisager 25 points de base de baisse des taux supplémentaire par rapport aux anticipations de fin juin.
Valorisations
C’est désormais l’un des aspects les plus positifs de l’analyse. Alors que les publications n’ont de cesse de surprendre positivement, que le momentum de révision des bénéfices futurs par le consensus des analystes est stabilisé, que les banques centrales opèrent un virage accommodant, les valorisations s’avèrent paradoxalement en deçà des standards habituels, en particulier pour le segment des petites et moyennes valeurs. Ce dernier présente une décote de 13.6% par rapport à sa moyenne depuis 2000.
Par ailleurs, et c’est un élément crucial, «l’effet temps» redevient vertueux pour les valorisations. La croissance «embarquée» des bénéfices est sur un point d’inflexion. Nous sortons d’une longue séquence de croissance nulle. Alors qu’en 2023, la croissance des bénéfices européens a été légèrement négative (-3%), nous entrons dans une phase plus expansive. La croissance des bénéfices anticipée par le consensus des analystes s’établit en effet à +5,2% pour 2024 et +10,4% pour 2025. Le bénéfice prospectif 12 mois sur lequel on s’appuie généralement pour observer les valorisations entre donc dans un « sweet spot ». Ce dernier progresse d’environ +0,7% par mois actuellement.

Cela signifie qu’actuellement, la valorisation du marché baisse avec le temps (en cas de marché stable le ratio de cours sur bénéfices, le PER, baisse d’environ 0,1 point par mois) et cela permet mécaniquement de soutenir le potentiel de hausse des indices afin d’atteindre la valorisation historique moyenne voire un peu plus.
Dynamique de marché
La tendance sur les indices reste haussière. A l’exception de la France et de la Chine, l’intégralité des grands indices actions évoluent au-dessus de leur moyenne mobile 200 jours, et conservent une configuration vertueuse de «golden cross», c’est-à-dire que leur moyenne mobile 50 jours se situe au-dessus de la moyenne mobile 200 jours.

Enfin, la correction de fin juillet et début août a permis de tester l’important support de la moyenne mobile 200 jours. La puissance du rebond subséquente est un signal fortement positif.
Le contexte nous semble encore porteur pour les actions européennes qui devraient être soutenues dans les prochains mois par un phénomène de revalorisation et de normalisation fondamentale. D’autant plus qu’à l’issue du mois de septembre nous abordons la période traditionnellement la plus favorable pour les investisseurs en actions. Ce constat est encore plus vrai pour certains segments tels que les petites et moyennes valeurs, la «Value» et certains secteurs en retard tels que les foncières.
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