
Retraites, place aux jeunes !

«Perseverare diabolicum». Avec une belle constance, la France s’apprête à donner au monde l’image d’un pays arc-bouté sur les privilèges de son secteur public, rétif à tout changement, nostalgique d’un système dont les grands équilibres financiers relèvent de la démographie d’après-guerre. Nul ne sait encore jusqu’à quel point la grève de décembre 2019 rognera les ambitions de la réforme des retraites, mais déjà le mal est fait : les ambiguïtés du gouvernement ont trahi la promesse du candidat Macron, lorsque ce dernier posait la nécessité de faire converger les régimes existants au nom de l’équité. Et ce possible renoncement pénalisera d’abord les actifs de demain, ces jeunes que l’actuel président de la République avait voulu placer au cœur de son projet lorsqu’il battait campagne.
L’impératif de justice sociale légitime un big bang et non pas un énième ravaudage sur l’âge de cessation d’activité, le niveau de cotisation, ou une restriction des régimes spéciaux achetée à prix d’or. Que la fusion immédiate des 42 régimes existants en un monolithe soit le meilleur moyen d’y parvenir prête à discussion ; du moins l’exécutif s’est-il donné les moyens, avec une vaste concertation, de préparer le terrain. La polarisation du débat, après trente mois d’échanges, n’en est que plus affligeante. Cet échec est d’abord celui du pouvoir en place. La tentation du bricolage paramétrique est venue polluer l’ambition systémique. A aucun moment les responsables de la majorité n’ont voulu expliquer et assumer qu’une réforme équitable ferait nécessairement des perdants, sauf à faire financer par l’Etat, et donc l’ensemble des contribuables, de solides compensations.
Quant à l’idée d’une clause du grand-père réservant la réforme aux futurs actifs, et que le Premier ministre s’est heureusement abstenu de reprendre à son compte, elle signe le mépris du pays pour sa jeunesse. Car c’est là, au fond, le principal danger qui guette la France : se couper de celles et ceux qui ne votent pas encore, ou si peu, mais qui la bâtiront demain. Leurs intérêts sont passés sous silence, leur existence presque niée. Le constat vaut pour les pensions comme pour le logement ou le climat. A plus brève échéance, un jeune actif peut-il, par exemple, espérer devenir propriétaire de sa résidence principale sans un soutien familial ou sans être relégué dans cette France périphérique qui a servi de terreau aux premiers Gilets Jaunes ? Acceptera-t-il longtemps de voir s’enchaîner les COP et affluer les promesses sans lendemain de lutte contre le changement climatique ? Les choix qui seront faits dans les prochaines semaines sur le dossier des retraites constitueront bien, comme le souhaite l’Elysée, un tournant du quinquennat. Ils diront si la nation est prête à sacrifier, à ses risques et périls, une partie de son avenir.
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