
Pékin bloque l’entrée en Bourse d’Ant Group

Coup de théâtre inédit dans l’histoire boursière. A deux jours de sa très attendue introduction en Bourse (IPO), le groupe financier chinois Ant Group a annoncé ce mardi sa décision de reporter cette opération. La Bourse de Shanghai a annoncé avoir suspendu l’introduction en Bourse du spécialiste chinois du paiement en ligne sur son marché Star, ce qui a incité Ant à faire marche arrière également à la Bourse de Hong Kong.
Elle s’annonçait comme la plus grosse IPO de l’histoire avec plus de 34 milliards de dollars levés (29 milliards d’euros), dépassant le record du géant saoudien du pétrole Saudi Aramco en 2019. Avec une double cotation sur le Star Market de Shanghai et à Hong Kong, Ant Group comptait lever environ 17,2 milliards de dollars sur chacun de ces deux marchés, sur la base de prix d’introduction de 68,8 yuans et 80 dollars de Hong Kong.
Preuve de l’attente des marchés, l’opération avait déjà été largement sursouscrite par les investisseurs, avec des ordres d’achat d’un montant de 3.000 milliards de dollars.
Comment expliquer ce revirement brutal ? Probablement un désaccord avec les autorités chinoises. Comme le rapportait la presse lundi, le milliardaire chinois Jack Ma, principal actionnaire de la maison-mère de la plateforme de paiement Alipay, a été convoqué avec plusieurs dirigeants du groupe pour une entrevue à huis clos avec les régulateurs chinois, la Banque populaire de Chine (PBoC), la China Securities Regulatory Commission et la State Administration of Foreign Exchange, fonds souverain chinois.
Une réunion houleuse, rapportait le Financial Times lundi. L’activité de prêt en ligne d’Ant pourrait être soumise à un contrôle gouvernemental plus strict, précise mardi l’agence Reuters, qui cite des sources proches.
Ant doit revoir sa copie
Dans un communiqué, Ant Group bat sa coulpe. Il dit « s’excuser sincèrement auprès des investisseurs pour le désagrément occasionné par la suspension de ses IPO à Hong Kong et Shanghai ». Il dit maintenant attendre « toute recommandation ultérieure des régulateurs, dans le respect des développements à venir de l’offre et du processus de cotation en temps voulu ».
Il déclare aussi ne pas pouvoir remplir les conditions d’enregistrement ou les exigences des régulateurs en termes d’information, et cite les récents changements dans l’environnement réglementaire des sociétés spécialisées dans les technologies financières (fintechs).
De fait, ces dernières années, le durcissement des réglementations en Chine sur le risque financier ces dernières années a obligé Ant à changer son modèle économique à plusieurs reprises. Alors que les autorités chinoises s’apprêtent à publier un nouveau projet de réglementation sur le microcrédit en ligne. Jack Ma estimait fin octobre la réglementation financière chinoise dépassée et mal adaptée aux fintechs. A Wall Street, l’action Alibaba, ancienne maison-mère de Ant, reculait de 6,17% mardi.
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