Nicolas Hulot veut plus que quadrupler la taxe carbone

Il voudrait multiplier par quatre ou plus à l’horizon 2030 le niveau actuel de cette taxe qui frappe surtout les consommateurs. Le prix de l’essence serait majoré de 32 centimes par litre.
Ivan Best
Nicolas Hulot, ministre de la Transition écologique et solidaire
Nicolas Hulot, ministre de la Transition écologique et solidaire.  -  Photo UE / European Commission.

Pour contenir le réchauffement climatique sous les 2 degrés, il faut accélérer la transition énergétique, et parvenir, s’agissant de la France, à la neutralité carbone en 2050. Tel est le premier objectif du plan climat présenté ce jeudi par le ministre de l’Ecologie, Nicolas Hulot. Pour atteindre cette neutralité, il est bien sûr possible de développer les puits de carbone (forêts, par exemple), mais ce sera largement insuffisant : «Il faudra réduire les émissions de gaz à effet de serre, beaucoup plus que prévu», soulignent les proches du ministre de l’Ecologie.

Le meilleur moyen de diminuer ces émissions, c’est de renchérir le coût d’utilisation des polluants, via la taxe carbone, estime Nicolas Hulot. Voilà pourquoi il voudrait la faire passer de 30,5 euros la tonne aujourd’hui (un montant auquel il faut ajouter la TVA) à nettement plus de 100 euros à l’horizon 2030, chiffre retenu par la dernière loi de programmation énergétique. Autrement dit, en une douzaine d’années, le montant de cette taxe serait plus que quadruplé. Le chiffre exact sera arrêté à la fin de l'été.

Avec quel effet pour l’économie ? Les industries les plus polluantes sont exonérées de cette taxe, au motif qu’elles sont soumises au système européen de quotas carbone, lequel ne fonctionne plus : le prix déterminé par le marché des quotas est ridiculement bas. D’autres exonérations sont prévues par la loi, concernant les transporteurs routiers, les transports publics, le transport aérien, les taxis, les agriculteurs, la pêche, la navigation maritime…

Des «chèques énergie» pour les ménages modestes

C’est donc surtout le consommateur final qui paie cette taxe, dont le montant global s'élèvera à 7 milliards d’euros en 2017, et atteindrait au moins 28 milliards en 2030. Une taxe qui n’est identifiée nulle part : elle s’appelle officiellement «contribution climat énergie», et s’est coulée dans des contributions existantes. Ainsi, elle est devenue l’une des composantes de la taxe intérieure sur la consommation de produits énergétiques (TICPE), l’ancienne TIPP qui grève le prix de l’essence. S’agissant du gaz, les consommateurs paient une taxe intérieure sur la consommation de gaz naturel (TICGN), dont ils étaient auparavant exonérés. Ces contributions augmenteront à mesure que le prix donné à la tonne de carbone sera relevé.

Ainsi, le très symbolique prix de l’essence sera considérablement relevé. Selon l’Union Française des Industries Pétrolières (Ufip), la hausse des taxes depuis l’introduction de la «contribution climat énergie » en 2014 atteint 12,3 centimes par litre pour le diesel, et 5,2 centimes pour le super sans plomb (TVA comprise). Ces contributions s’ajoutent à l’ancienne taxe sur les produits énergétiques.

Avec le prix d’une tonne de carbone fixé à 140 euros en 2030, chiffre évoqué jeudi par Le Figaro mais non confirmé par le ministère de l’Ecologie, le prix du litre d’essence serait encore majoré de 32 centimes par rapport à son niveau actuel (+34 centimes pour le gazole), selon les calculs de l’Ufip. Pour le fuel domestique, la hausse serait équivalente en valeur absolue, et plus forte en proportion : son prix au litre passerait de 65 centimes actuellement à 99 centimes (+52%), dans l’hypothèse d’une stabilité des cours pétroliers.

Conscient de l’impact de cette taxation accrue pour les ménages modestes, Nicolas Hulot promet de tout faire pour combattre la précarité énergétique, au moyen de «chèques énergie» par exemple.

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