
Mario Draghi justifie toutes les décisions de la BCE au nom de l’inflation

Après un discours au cours duquel il est revenu sur la conjoncture économique et sur les récentes mesures de la Banque centrale européenne (BCE), Mario Draghi répondait hier aux interrogations (souvent accusatrices) de la Commission des affaires économiques (Econ) du Parlement européen. Face à la première, posée par le député centriste allemand Markus Ferber, portant sur l’efficacité de la politique monétaire et l’absence de consensus du dernier comité de politique monétaire – notamment autour de la reprise du programme d’achats d’actifs (APP ou QE 2), le président de la banque centrale s’est quelque peu défilé, éludant la deuxième partie de la question : «La situation va s’améliorer à un certain moment, et il y aura convergence sur le niveau l’inflation. En 2018, il y a eu un petit coup de mou de l’économie après une année 2017 exceptionnelle, et des incertitudes d’ordre politique depuis. (…) A 1,5% d’ici à 2021, le taux d’inflation est loin de l’objectif et il fallait donc réagir, faute de quoi nous aurions encore dû revoir ce niveau à la baisse», a-t-il expliqué. Selon lui, la politique monétaire a fait la preuve de son efficacité depuis 2014, notamment en permettant «la création de plus de 11 millions d’emplois en moins de six ans, plus que les Etats-Unis, et alors qu’il n’y a pas tellement eu d’autre politique (sous-entendu budgétaire, ndlr)».
Concernant le ciblage de l’inflation avec cette notion de symétrie introduite dans son discours du 25 juillet, Mario Draghi a regretté que la définition actuelle de la stabilité des prix – «à un niveau inférieur, mais proche de 2%» – puisse laisser croire que les gouverneurs de BCE seraient «plus sensibles à des taux supérieurs qu’à des taux inférieurs : nous préférons clarifier ce malentendu. Nous réagissons avec la même détermination dans les deux cas».
De nécessaires réformes structurelles
Alors que le président de la BCE revenait sur la croissance économique, «qui ne montre aucun signe probant d’un rebond dans un avenir proche», certains députés lui ont reproché de laisser peu de marge de manoeuvre à Christine Lagarde, qui lui succédera à la tête de l’institution début novembre : «Tout d’abord, nous avons essayé plusieurs fois de normaliser notre politique après avoir utilisé des outils non conventionnels, et nous n’avons jamais pu (…). Ces derniers temps, dans une logique plutôt préventive (…). En outre, d’autres politiques économiques ont également de l’importance ; si la politique budgétaire était plus active, la politique monétaire sera plus efficace, et sans les effets secondaires auxquels nous restons par ailleurs très attentifs.» Mario Draghi a encore insisté sur la nécessaire intervention des Etats au niveau budgétaire et/ou fiscal selon leur situation, et demandé qu’ils fassent enfin les réformes structurelles nécessaires.
Enfin, face au député écologiste belge Philippe Lamberts qui le titillait sur les effets néfastes en termes de creusement des inégalités sociales ou d’empreinte écologique, il a répondu que, si l’injection des liquidités enrichit inévitablement les personnes qui détiennent les actifs, elle a permis d’améliorer la situation notamment au travers de l’emploi – «le chômage est la plus grande source d’inégalités» –, et que la BCE étudie actuellement toutes les idées innovantes, «des idées qui n’ont cependant pas encore été testées et qui, la plupart du temps, reposent sur une répartition liée aux politiques budgétaires».
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