
Mario Draghi continue de laisser toutes les portes ouvertes

Les discours de Mario Draghi restent toujours très mesurés. Lors d’une audition devant la Commission des Affaires économiques et monétaires du Parlement européen qui s’est tenue hier, le président de la BCE a certes ouvert une porte vers une possible sortie de sa politique monétaire ultra-accommodante, en indiquant que les risques baissiers sur les perspectives de croissance dans la zone euro continuent de diminuer. Ceci amènera le Conseil des gouverneurs de l’autorité à réexaminer ses prévisions lors de sa prochaine réunion le 8 juin. Pourtant, il a rappelé dans le même temps que la faiblesse des pressions inflationnistes sous-jacentes liée à l’atonie du rythme de croissance des salaires justifie toujours le maintien d’un degré assez substantiel de soutien monétaire en zone euro.
Réexamen des prévisions le 8 juin
La faible réaction de l’euro ou des obligations d’Etat montre la prudence des investisseurs concernant une éventuelle sortie de la politique de taux négatifs et du QE de la BCE. La monnaie unique a affiché un rebond de 7,5% face au dollar depuis début janvier, alors que le rendement du Bund a oscillé entre 0,15% et 0,48%. «Si le rebond de l’euro et la faiblesse des prix du pétrole vont peser sur les perspectives d’inflation à court terme, les bons chiffres d’activité confortent dans le même temps la BCE dans ses choix et devraient ainsi lui permettre de retirer les éléments les plus ‘dovish’ de son communiqué au mois de juin, notamment les risques baissiers sur la croissance et le biais baissier sur les taux directeurs», estime ainsi Frédérik Ducrozet, économiste chez Pictet.
Le consensus anticipe un léger recul de l’inflation sous-jacente à 1% en mai, après son rebond à 1,2% en avril, et les prévisions d’inflation de la BCE pourraient être revues à la baisse sur 2017 de 0,2 point à un niveau moyen de 1,5%. Ce réexamen des prévisions de la BCE le 8 juin ne devrait pas l’empêcher de modifier son discours, au plus tard en septembre, pour préparer les marchés à un processus de sortie progressif de sa politique accommodante, Benoit Cœuré ayant même récemment indiqué que la trajectoire future de taux de la BCE n'était «pas gravée dans le marbre». «Tout ceci n’est que le début du processus; la BCE sera confrontée à des décisions plus difficiles d’ici la fin d’année sur la réduction des achats et la séquence entre QE et hausses de taux», résume Frédérik Ducrozet.
Plus d'articles du même thème
-
EXCLUSIF
Les gestionnaires de taux contiennent leur panique
Les prévisionnistes de L’Agefi tendent à ajouter une baisse de taux à six mois tout en diminuant leurs prévisions pour les taux longs aux Etats-Unis et en augmentant celles sur la zone euro. -
La désinflation se poursuit en zone euro
La diminution de la hausse des prix dans les services et une convergence plus générale entre les pays apparaissent comme un nouvel encouragement en faveur d’une septième baisse des taux de la Banque centrale européenne en avril. -
«La Fed devrait poursuivre ses baisses de taux jusqu’à 3,75% en fin d’année»
Warin Buntrock, directeur adjoint des gestions chez BFT IM
ETF à la Une
- La Banque Postale débarque le patron de sa banque privée
- A la Société Générale, Slawomir Krupa se prépare à la taylorisation des banques
- La Société Générale prend le risque d'une grève en France fin mars
- Une nouvelle restructuration à la Société Générale ne plairait pas aux investisseurs
- Le CCF a perdu une centaine de millions d’euros l’an dernier
Contenu de nos partenaires
-
Pénuries
En combat air-air, l'aviation de chasse française tiendrait trois jours
Un rapport, rédigé par des aviateurs, pointe les « vulnérabilités significatives » de la France en matière de « supériorité aérienne », décrivant les impasses technologiques, le manque de munitions et les incertitudes sur les programmes d'avenir -
Escalade
L'armée algérienne passe à la dissuasion militaire contre la junte malienne
La relation entre Alger et Bamako ne cesse de se détériorer ces derniers mois alors qu'ex-rebelles et armée malienne s'affrontent à la frontière algérienne -
En panne
Pourquoi les Français n’ont plus envie d’investir dans l’immobilier
L’immobilier était le placement roi, celui que l’on faisait pour préparer sa retraite, celui qui permettait aux classes moyennes de se constituer un patrimoine. Il est tombé de son piédestal. La faute à la conjoncture, à la hausse des taux, à la chute des transactions et à la baisse des prix, mais aussi par choix politique : le placement immobilier a été cloué au pilori par Emmanuel Macron via une fiscalité pesante et une avalanche de normes et d’interdictions