
L’Italie retrouve du crédit sur le marché primaire

Malgré les tensions enregistrées par les obligations d’Etat italiennes (BTP) sur le marché secondaire, l’appétit des investisseurs a été au rendez-vous pour l’émission d’une nouvelle souche à 50 ans qui s’est déroulée hier. La syndication menée par Banca Imi, BNP Paribas, HSBC, JPMorgan, UniCredit et Goldman Sachs, a permis au pays de lever 5 milliards d’euros grâce à un carnet d’ordres de 18,5 milliards pour ce nouveau BTP de maturité mars 2067. Dans un contexte de taux négatifs sur une bonne partie des courbes en zone euro, le rendement était alléchant: 2,70%. Le pays a concédé un spread limité à 52 pb au-dessus du taux de référence fixé par la souche BTP 2047.
Révision de la notation le 11 novembre
L’émission intervenait pourtant dans un contexte d’écartement du spread entre rendements italiens et espagnols qui a dépassé les 30 pb pour la première depuis mi-2014. La souche d’obligations SPGB juillet 2066 émise par l’Etat espagnol au mois de mai dernier avec une forte décote, et qui est comparable à celle émise hier par l’Italie, a vu son rendement chuter d’un niveau de 3,4% à l’émission à environ 2,55% hier. «Soit les investisseurs ont estimé que les obligations à long terme étaient très bon marché, soit ils ont été poussés à ajuster leurs investissements (de manière forcée) dans le sens d’une baisse des rendements à cause des effets du QE de la BCE, en allant même bien au-delà de l’espace de rachats défini dans le cadre de son programme PSPP, ce qui a profité pour le moment à la partie longue», estime SG CIB.
L’Italie fera face à deux échéances déterminantes pour l’évolution de ses rendements. La première le 11 novembre avec la réappréciation de la note accordée S&P, et la seconde le 4 décembre qui verra la tenue du référendum sur le projet de réforme de la Constitution du gouvernement dirigé par Matteo Renzi. Depuis mi-août, le rendement des obligations italiennes à 10 ans s’est tendu d’environ 20 pb et le spread avec les rendements espagnols et allemands de même maturité a progressé d’autant.
«A seulement un cran de la catégorie spéculative, l’Italie est menacée d’une dégradation qui aurait des conséquences pour l’éligibilité de ses obligations auprès de la BCE», alerte SG CIB. Parallèlement, l’espoir de voir l’Espagne sortir bientôt de l’impasse politique a profité depuis l'été aux rendements du pays.
Plus d'articles du même thème
-
Le risque de surenchère tarifaire tétanise les marchés
La riposte de la Chine aux tarifs douaniers réciproques de Donald Trump a exacerbé le risque d'escalade et de récession, plongeant les marchés financiers encore davantage dans la tourmente. Wall Street accuse sa pire chute depuis la crise Covid. L'Europe efface ses gains de 2025. Les investisseurs fuient vers les emprunts d'Etat. -
Les gérants de crédit continuent de s’ajuster à la nouvelle donne
Les panélistes de L’Agefi sont de plus en plus prudents face au risque d’écartement des spreads, toujours serrés, en cas de fort ralentissement de la croissance suite au choc des tarifs douaniers. -
EXCLUSIF
Les gestionnaires de taux contiennent leur panique
Les prévisionnistes de L’Agefi tendent à ajouter une baisse de taux à six mois tout en diminuant leurs prévisions pour les taux longs aux Etats-Unis et en augmentant celles sur la zone euro.
Sujets d'actualité
ETF à la Une
- La Banque Postale débarque le patron de sa banque privée
- A la Société Générale, Slawomir Krupa se prépare à la taylorisation des banques
- La Société Générale prend le risque d'une grève en France fin mars
- Une nouvelle restructuration à la Société Générale ne plairait pas aux investisseurs
- Le CCF a perdu une centaine de millions d’euros l’an dernier
Contenu de nos partenaires
-
Pénuries
En combat air-air, l'aviation de chasse française tiendrait trois jours
Un rapport, rédigé par des aviateurs, pointe les « vulnérabilités significatives » de la France en matière de « supériorité aérienne », décrivant les impasses technologiques, le manque de munitions et les incertitudes sur les programmes d'avenir -
En panne
Pourquoi les Français n’ont plus envie d’investir dans l’immobilier
L’immobilier était le placement roi, celui que l’on faisait pour préparer sa retraite, celui qui permettait aux classes moyennes de se constituer un patrimoine. Il est tombé de son piédestal. La faute à la conjoncture, à la hausse des taux, à la chute des transactions et à la baisse des prix, mais aussi par choix politique : le placement immobilier a été cloué au pilori par Emmanuel Macron via une fiscalité pesante et une avalanche de normes et d’interdictions -
Contre-espionnage
Fuites sur Israël: Macron a débusqué la taupe au gouvernement
Le président de la République est persuadé d'avoir trouvé la ministre à l'origine de la fuite de ses propos sur Israël